Pourquoi sommes nous fâchés avec les cabriolets ?

De manière inégale certes, les constructeurs français ont produit de magnifiques décapotables. Des voitures qui ont marqué nos vies d’une manière ou d’une autre. Mais voilà, l’âge d’or de la conduite cheveux au vent est révolue. À quel point ?

Si l’on regarde dans les gammes françaises, les modèles décapotables sont de moins en moins nombreux. Et pour cause ! Depuis 2005, ce marché spécifique a considérablement chuté. En 2014, à peine 200 000 cabriolets se sont vendus en Europe, 15 000 en France, soit un retour en arrière de 15 ans ! Si l’on ajoute à cela la concurrence faite par la Fiat 500 et la Beetle, on comprend pourquoi Peugeot ne donnera pas suite aux 207 CC et 308 CC, pourquoi Renault oubliera de proposer une variante décapsulée lors du renouvellement de la Mégane (en 2016). À bien y réfléchir, le seul cabriolet français commercialisé en 2016 sera la DS3 Cab.

Une tradition française

Pourtant, le cabriolet a eu le vent en pompe dans les années d’après-guerre. Peugeot en a même fait une marque de fabrique en ôtant le toit des 203, 204, 304, 403, 404 (photo ci-dessous), 504 et jusqu’à la 205 cabriolet de 1986 ! Chez Renault, la Floride (et sa variante Caravelle) ont été produites à près de 120 000 exemplaires entre 1958 et 1968. Même la Citroën DS eut sa variante à toit ouvrant !

Les années 1990 ont vu les cabriolets revenir à la mode et ceci jusqu’au milieu des années 2000. Citons la Renault 19 cabriolet (assemblée chez Karmann entre 1991 et 1999), la Peugeot 306 cabriolet (dessinée par Pininfarina) et bien-sûr la Peugeot 206 CC qui s’écoula à près de 360 000 exemplaires entre 2000 et 2007, le toit escamotable rigide ayant raison des places arrière aux allures de boîte à chaussures, y compris pour 100 000 allemands !

Insécurité ? Humilité ?

À l’instar de la 206 CC, les années 2000 ont progressivement vu disparaitre la capote souple qui faisait le charme des cabriolets d’antan au profit d’un toit escamotable rigide. Certes, ils ont simplifié la vie puisque le conducteur éprouvait parfois les pires difficultés à fermer le toit à la moindre inverse. Néanmoins, ils ont cassé l’image du cabriolet tout en sécurisant les véhicules. Car s’il y avait une crainte qui accompagnait la capote souple, c’était celle d’un coup de couteau gratuit ou visant au vol de la voiture ou de certains éléments (autoradio, sièges…). Et puis il y a eu la crise de 2007… Depuis les ventes de cabriolet chutent inexorablement et ceci en dépit du renoncement au toit rigide escamotable et du retour à la capote souple qu’il s’agisse de la Beetle ou de l’A5 Cabriolet. Variante plus chère que le modèle de base, la cabriolet ou le coupé cabriolet fait les frais d’un serrage de ceinture massif en France, en Europe et dans le monde. Avec la crise, l’humeur est-elle à ce point à l’humilité ?

Aujourd’hui seul le haut de gamme demeure sur le marché du (coupé) cabriolet. D’ailleurs, nous vous proposerons mercredi l’essai de l’Audi A5 cabriolet. Les volumes de vente conséquents et les prix importants permettent à Audi, Mercedes ou Jaguar de maintenir de la rentabilité tout en ayant su revenir à la capote souple (avec un filet anti-remous).

Une concurrence technique ?

Si le cabriolet est tombé en désuétude, c’est peut-être aussi parce le toit ouvrant et le toit panoramique se sont considérablement popularisés. Moins onéreux à installer qu’autrefois, parfois de série (selon les niveaux de finition), ces équipements à l’étonnante technicité offrent du confort et de la sécurité tout en jouant la carte de la discrétion. La discrétion… un mot qui traduit bien l’esprit de l’automobiliste aujourd’hui au volant d’une voiture aux couleurs si sobres (tristes) à l’affût des radars, stressé à l’idée de faire le plein.

Pourtant, dans nos rêves, le bonheur ne commençait-il pas sur une route côtière au volant d’un cabriolet ?

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

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