Graham Hill, le gentleman triplement couronné

Figure emblématique du Panthéon des pilotes automobiles, Graham Hill s’est imposé comme un des pilotes les plus charismatiques des années 60. Surnommé “Mr Monaco”, le flegmatique britannique reste le seul détenteur de la prestigieuse Triple couronne.

Norman Graham Hill est né le 15 février 1929 dans une famille modeste du nord de Londres. Il a affirmé avoir hérité de sa détermination de sa mère et de son sens de l’humour de son père, un courtier en valeurs mobilières. Ces deux qualités lui ont non seulement été utiles pour endurer les privations et les dangers de la vie en temps de guerre à Londres, où Hill a grandi pendant le Blitz, mais également pour se forger une carrière à force de volonté et de détermination.

Rien ne semblait en effet prédestiner Graham Hill à une carrière de pilote automobile, bien au contraire. Après avoir heurté une voiture à l’arrêt un soir de brouillard au volant de sa moto, une fracture de sa jambe gauche la raccourcie de façon permanente. C’est en 1953 qu’il découvre le grand frisson de la course après avoir réalisé quelques tours du circuit de Brands Hatch au volant d’une F3. Sa passion naissante était toutefois entravée par deux problèmes de tailles : il ne savait pas conduire et ses ressources ne lui permettaient pas de financer son goût pour la course automobile.

Graham s’offre alors un vieux tacot, une Morris de 1934, et apprend seul à conduire. Une fois son permis en poche, il quitte son emploi chez Smith’s et parvient à se faire engager comme mécano dans une école de pilotage où il sera rapidement promu instructeur.

Désormais dans la place, il parvient à participer à quelques courses avant de rencontrer Colin Chapman, qui était alors au stade préliminaire du développement de la Lotus. Graham Hill utilise de nouveau sa force de persuasion pour obtenir un poste chez Lotus de mécanicien à mi-temps payé une livre par jour. Il se rend rapidement indispensable à l’écurie et accède au poste de « chef du département transformations ». 

Bien qu’engagé dans quelques courses, sa carrière de pilote tarde à décoller. Il quitte Lotus en 1957 pour un volant dans l’écurie officielle Cooper en Formule 2. Sa performance à Silverstone persuade Chapman de son erreur, le patron de Lotus propose à Hill un volant de sa nouvelle Formule 1.

Graham Hill, Mr Monaco

Si la carrière d’un pilote doit être associée à Monaco, c’est bien celle de Graham Hill. C’est en mai 1958 que le Britannique fait ses débuts au Grand Prix de Monaco au volant d’une Lotus poussive aussi lente que peu fiable. Après une saison 1959 également décente, Hill quitte Lotus pour l’écurie BRM alors moribonde.

Ce choix de carrière discutable se révéla être un coup de maître. Hill métamorphose l’écurie à force de travail et d’abnégation. Son optimisme feint galvanise le moral de l’équipe et contribue au développement d’un puissant moteur V8 et du performant châssis P 56. En 1962, Graham Hill assoit sa popularité et décroche son premier championnat du monde après avoir remporté les grands prix des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Italie et d’Afrique du Sud.

Maître incontesté de Monaco en 1963, 1964 et 1965, il ne finira toutefois que deuxième du classement final à l’issue de certainement l’une des fins de saison les plus haletantes de l’histoire de la F1. Après avoir été dominé par Jim Clark en 63, il verra le titre lui échapper lors du dernier tour du Grand Prix du Mexique après une course plus que mouvementée. Il voit d’abord le titre lui échapper suite à un long passage aux stands occasionné par un accrochage avec la Ferrari de Lorenzo Bandini. De nouveau en tête du championnat du Monde à deux tours de la fin après l’abandon de Clark, le même Bandini se laisse doubler par son coéquipier John Surtees, lui offrant ainsi les deux points qui lui étaient nécessaires pour devenir champion du Monde. À l’issue de la course, le flegmatique Graham Hill se contente de commenter sa défaite par un laconique « Bandini a bien mérité son salaire ».

Graham Hill quitte BRM en 1967 pour retourner chez Lotus. Il remportera son second championnat du monde en 1968. Ses deux nouvelles victoires à Monaco en 68 et 69 lui valent d’être surnommé “Mr Monaco”.

Le Grand Prix de Monaco marquera également sa fin de carrière de pilote. Un Hill vieillissant ne parviendra pas à qualifier pour la course de 1975 la monoplace GH1 de son écurie Embassy-Hill, ratant ainsi sa sortie.

Il trouva la mort quelques mois plus tard, le 29 novembre 1975, suite au crash en pleine campagne anglaise de l’avion qu’il pilotait.

La Matra MS670 de Hill et Pescarolo vainqueur des 24 Heures du Mans 1972

De champion à pilote mythique

Fort de 14 victoires en Grand Prix et de deux championnats du Monde des conducteurs, Graham Hill s’inscrit indiscutablement parmi les grands pilotes de son époque. Ce qui aurait pu rester une belle carrière s’est toutefois transformée en mythe grâce à une performance que nul autre n’a réalisé à ce jour.

En plus de ses 5 victoires à Monaco, il remporte au volant d’une Lola les 500 miles d’Indianapolis de 1966 puis en 1972 les 24 Heures du Mans sur la Matra MS670. En épinglant à son palmarès les trois épreuves les plus prestigieuses du calendrier international sur circuit automobile, Graham Hill est le seul détenteur de la Triple couronne en sport automobile. 

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

Partagez cet article :

Logo Email
Logo Lien
Logo Facebook Logo Twitter

Nos articles sur le même thème

Vous souhaitez faire un commentaire sur cet article ?

*Champs obligatoires