C’est un 1er mai, en 1899, que la Jamais Contente pulvérisa le record de vitesse en dépassant pour la première fois les 100 km/h. Retour sur une électrique histoire belge.
La conquête automobile et la course à la performance du début du XXe siècle ont posé les bases de l’industrie automobile d’aujourd’hui. Le progrès se nourrit également de la rivalité. Ce fut le cas de la Jamais Contente de l’ingénieur belge Camille Jenatzy et du « Torpilleur » de Gaston de Chasseloup-Laubat, une Jeantaud de 36 chevaux. La Jamais Contente remporta ce combat épique au printemps 1899.
Un obus de 3,60 mètres de long
Avec le recul, on peut certainement parler de la Jamais Contente comme de la première voiture de course. Mise au point par Camille Jenatzy, le premier diable rouge, on ne peut s’empêcher de penser que sa forme trahissait la rivalité qui l’opposait à Gaston de Chasseloup-Laubat. Ni plus ni moins qu’un obus de 3,60 mètres de long (en aluminium, tungstène et magnésium) et large de 1,56 mètre. La Jamais Contente fut muée par deux batteries d’accumulateur Fulmen (une par roue arrière) développant une puissance d’environ 68 chevaux, pesant 650 kg chacune pour un poids total d’environ 1,5 tonne. Pour le reste, pas de volant mais une manette, une accélérateur manuel, le seul frein moteur pour s’arrêter et bien-sûr aucune sécurité… Il fallait du courage et quelques cases en moins pour se lancer à plus 100 km/h la-dedans !
Deux versions existent quant à la signification de ce nom. La première dit que le nom aurait été soufflé par madame Jenatzy face à l’obstination de son mari à vouloir faire toujours mieux. L’autre serait un sorte de pied de nez à la belle-mère de Camille Jenatzy. Surement un peu des deux…
Une course au record
En atteignant la vitesse de 105,88 km/h le 1er mai* 1899 à Achères (Yvelines), la Jamais Contente établit un record de vitesse qui ne fut battu que 3 ans plus tard par Léon Serpolet sur la Promenade des Anglais, à Nice. Mais avant cela, Camille Jenatzy et Gaston de Chasseloup-Loubat se disputèrent ce record durant de nombreux mois sur la même piste d’un kilomètre. Le 18 décembre 1898, le Torpilleur établit la première marque mondiale à l’initiative du magazine France Automobile : 63,16 km/h. Le 17 janvier, Camille Jenatzy (à bord d’une CGA Dog-cart également électrique) porte le record à 66,66 km/h mais dans la foulée de cet exploit, Chasseloup-Loubat accompli le kilomètre à la vitesse de 70,31 km/h. 10 jours plus tard (le 27 janvier), Jenatzy améliore de 10 km/h le record en le portant à 80,35 km/h. Le 4 mars, la Jeantaud Duc Profilée de Gaston de Chasseloup-Laubat atteint la vitesse de 92,78 km/h. Finalement, ce fut le Belge qui eut raison avec la Jamais Contente deux mois plus tard.
Si la motorisation électrique fut délaissée par la suite, la Jamais Contente a contribué à l’Histoire automobile au-delà du fait d’avoir été la première voiture au-delà des 100 km/h. Pour l’occasion, Michelin créa les premiers pneus démontables avec chambre à air. Jusque là, les pneus étaient soudés à la roue, remplis de coton ou de liège. Changer un pneu demandait des heures !
Où voir la Jamais Contente ?
Célébrité belge, la Jamais Contente était jusqu’au 18 avril conservée au musée Autoworld, au coeur du parc du cinquantenaire de Bruxelles. Confiée à Varta et Krautli, elle devrait recevoir une nouvelle électrification lui permettant d’être présentée au printemps 2016 à l’occasion de rendez-vous de voitures anciennes et de collection.
* Ou le 29 mai selon d’autres, la commune d’Achères ne parvient pas à être clair sur le sujet.