Étonnant engin, le Rennstransporter traduisait déjà en 1995 le soucis du détail de Mercedes-Benz en compétition.
À l’occasion de l’exposition des Belles Étoiles au Grand Palais de Paris (fêtant par ailleurs les 130 ans de la marque), Mercedes a rassemblé quelques 80 modèles emblématiques. Des plus anciens à l’actuelle gamme en passant par quelques savoureux concepts. Pièce maitresse de cette exposition, le Renntransporter sort de l’ordinaire. Un camion construit sur mesure afin de transporter la W 196 de Juan Manuel Fangio lors du championnat du monde de Formule 1 en 1955. Ou comment Mercedes, sous la houlette d’Alfred Neubauer, avait le soucis du détail logistique il y a plus de 60 ans déjà.
Patchwork Mercedes
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce Renntransporter est un savoureux patchwork Mercedes-Benz. Sous ses lignes étonnantes, avec ses immenses porte à faux, se présente un véhicule assemblé avec notamment le châssis de la limousine 300 S tandis que la cabine reprend les éléments de la berline Ponton apparue en 1953.
L’ensemble roulait grâce au moteur 6 cylindres 3,0l de la 300 SL à portes papillons, la puissance fut néanmoins ramenée de 240 à 192 chevaux, suffisant pour atteindre les 170 km/h de vitesse de pointe.
Véritable ligne de vie entre l’usine et les circuits, ce Renntransporter a notamment démontré toute son utilité dans un savoureux aller-retour entre Monaco et Stuttgart afin de ramener en catastrophe une monoplace W 196 à Hans Hermann, l’Allemand avait en effet détruit sa voiture au virage du casino lors des essais libres du jeudi en marge du Grand Prix de Monaco 1955. Sa jambe brisée l’éloigna cependant du sport automobile pour le reste de l’année. La monoplace venue de Stuttgart fut finalement confiée au Français André Simon, transfuge de Maserati, qui ne termina pas la course sur problème mécanique. Un manque de chance qui se propagea jusqu’à Stirling Moss (9e et dernier classé) et Juan Manuel Fangio (auteur de la pole position) victime de sa transmission dès le deuxième tour. Pour autant, le stratégie du directeur sportif Alfred Neubauer était de mettre suffisamment de moyens afin de se prévenir au maximum le manque de chance. Le révolution logistique est en marche.
Démoli, puis reconstruit
Pour autant, le transporter de course (traduction littérale de Renntransporter) fut assez rapidement remisé. D’abord aux États-Unis où il balada une 300 SLR pour une opération promotionnelle avant qu’il ne soit remisé aux oubliettes, puis détruit sur ordre de Rudolf Uhlenhaut en l’absence d’un Mercedes-Benz Museum.
Ce ne fut qu’en 1993 que Mercedes entama un processus de reconstruction. Sauf qu’en l’absence des plans originaux, ingénieurs et mécaniciens durent travailler à tâtons. Deux répliques ont néanmoins vu le jour et participent depuis à de nombreuses manifestations et expositions, comme ce fut le cas à Paris voilà quelques jours.