Et si les voitures fabriquées en Chine pour le marché chinois étaient commercialisées en Europe ? C’est la question qu’il s’est récemment posée avec la présentation de la Peugeot 408 restylée. En réalité, des voitures made in China sont déjà vendues en Europe comme aux USA. Et ça ne fait que commencer.
Il y a quelques jours, Peugeot a dévoilé les images de la mise à jour de la 408. Un véhicule produit en Chine pour les Chinois au cœur d’un marché de 28,8 millions de véhicules rien qu’en 2017, soit le quart de la production mondiale. En lisant ce qu’il a été écrit ici ou là dans les médias français et réseaux francophones, il apparait que cette 408 a reçu un très bon accueil et bien souvent des considérations du type « j’aimerai bien qu’elle soit commercialisée chez nous » même si l’idée d’une berline tricorps n’est plus vraiment à la mode. Et puis, il y a cette récente déclaration dans Auto Express de Jürgen Stackmann (directeur des ventes et du marketing de Volkswagen) : « Vous verrez des voitures de notre part dans les deux prochaines années qui ne seront vendues qu’en Chine, mais des gens situés ailleurs les voudront aussi… » et d’ajouter : « Nous envisageons d’exporter des voitures depuis la Chine l’Europe ». Sommes-nous prêts à rouler chinois ? Il n’y a pas si longtemps Qoros a tenté sa chance avec un échec retentissant. Bientôt Lynk & Co s’y essaiera aussi. Sauf que ce ne sont pas les marques chinoises qui font envie mais l’idée d’une voiture de marque européenne moins chère agrémentée d’un peu d’exotisme.
Qualité en progression.
Si la qualité de production est en constante progression et que les coûts restent bien inférieurs en Chine, voire débarquer en Europe des Peugeot 408 (illustration) ou des Volkswagen New Santana restent du domaine du fantasme tant les mises à jour réglementaires devraient avoir raison des marges que ces véhicules sont censés représenter sans des barrières douanières. Et puis, rien ne dit que ces véhicules se vendraient effectivement bien ! Les goûts des Chinois diffèrent des nôtres en termes de sobriété de l’habitacle, d’espace à l’arrière, de volume du coffre ou même de l’odeur du neuf. Et pourtant, la deuxième génération d’Honda Jazz commercialisée en Europe fut made in China (2007 – 2015).
Votre voiture électrique sera sûrement chinoise.
Il y a des segments qui sont moins sujettes au principe de réaliser de grands volumes pour dégager des profits comme les segments premium et luxe au cœur d’une stratégie mondialisée. Ainsi, la production de la Volvo S90 est intégralement chinoise. Il faut dire que le constructeur suédois appartient au chinois Geely. C’est aussi pour cela que Polestar y a localisé son usine ultra moderne. En 2015, Jaguar – Land Rover a ouvert en Chine une première usine d’assemblage hors Royaume-Uni, complétée par une usine de moteurs en 2017. De la pure délocalisation pour un constructeur qui communique beaucoup sur sa fierté britannique. Pour autant, les Range Rover Evoque made in China ne débarquent pas en Angleterre mais ce sera le cas du SUV compact Jaguar E-Pace (également produit en Autriche). Idem pour BMW qui a présenté en avril dernier son iX3 (illustration). Un SUV compact électrique qui sera produit en Chine pour le monde entier. Car si la Chine ne parvient pas vraiment à rattraper son retard sur les véhicules actuels, le pays entend se positionner à la pointe de la motorisation électrique et pourrait bien être l’usine du monde des voitures à prise.
Le pays a lancé depuis quelques temps déjà les grandes manœuvres afin de s’imposer comme l’interlocuteur numéro 1 pour les batteries des voitures électriques à travers BYD et CATL mais aussi l’offre de lithuim via Ganfeng et Tianqi ou encore sur les mines africaines de cobalt, notamment en RDC (60% des ressources mondiales) avec China Molybdenum. D’après le cabinet Boston Consulting, la voiture électrique pourrait représenter la moitié du marché mondial en 2030. Si bien qu’il ne serait pas étonnant que nombre de Volkswagen, Peugeot, Renault, Ford, Mercedes… électriques et vendues en Europe soient d’origine chinois d’ici une dizaines d’années.