Oui, il est compliqué de comparer une démocratie occidentale à un pays tenu d’une main de fer par un autocrate depuis 2006. L’occasion néanmoins d’évoquer un pays dans lequel les femmes n’auraient plus le droit de conduire depuis le 1er janvier et où les voitures doivent être blanches.
Le Turkménistan est un pays de 5 millions d’habitants coincé entre la mer caspienne, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, l’Afghanistan et l’Iran. Sa capitale se nomme Achgabat et il y a un vol par semaine au départ de Paris si ça vous tente de découvrir les caprices de l’autocrate local, Gourbangouli Berdimoukhamedov (60 ans – illustration) en place depuis 2006. Il y a bien-sûr les difficultés économiques, les droits de l’Homme bafoués mais aussi des mesures très particulières concernant le code de la route. Ce dernier est d’ailleurs à assimiler au code couleur en vigeur. Le président n’aime que l’ordre, le blanc et tolère le gris (clair) pour ce qui est des automobiles de son peuple. Si l’on a appris il y a quelques temps déjà que l’importation de voitures noires était interdite dans le pays, c’est au tour des véhicules déjà présents d’être remisés à la fourrière à moins que le contrevenant au bon goût du président ne s’engage à repeindre sa voiture à un tarif de l’ordre du salaire annuel.
Selon les Chroniques du Turkménistan, les voitures des autres couleurs sont aussi concernées. Une maniaquerie qui va jusque dans l’interdiction des pare-soleils noirs et des vitres teintées. Mieux, depuis le début de l’année, les gris-gris et tout ce qui s’accroche au rétroviseur sont interdits. Ou quand la fashion police s’occupe de votre voiture et que vous allez en prison ou dans une fosse commune si vous n’êtes pas d’accord.
Les femmes victimes des statistiques officielles
En ce début d’année 2018, le Turkémistan a aussi décidé d’interdire aux femmes de conduire alors que même l’Arabie Saoudite a décidé de lever l’interdit. Il faut dire que le régime a des arguments en béton pour se justifier ! Le ministre de l’intérieur, un certain Iskander Moulikov, aurait assuré croix-de-bois-croix-de-fer-si-je-mens-je-vais-en-enfer que les femmes étaient responsables de plus de la moitié des accidents de la route dans le pays. Et comme le président lui a commandé de régler le problème… et bien il a réglé le problème !
Néanmoins, aucun décret ou consigne officielle n’est apparue à ce propos dans le pays. Si bien que jeudi, ces même Chroniques du Turkménistan ont précisé que depuis 2 semaines, de nombreuses femmes auraient reçu des appels téléphoniques de policiers à propos des modalités selon lesquelles elles ont obtenu leur permis : Nombre de tentative, origine du financement pour l’achat comme l’entretien du véhicule. Il aurait été demandé aux femmes qui ont eu leur permis au cours des 5 dernières années de la repasser. Il fait bon vivre en France, non ?!
Sources : RSF, Chronicles of Turkmenistan et Le Monde