Tandis que le peuple français nage dans le bonheur d’un deuxième sacre mondial, en Italie certains grincent des dents chez Fiat en voyant débarquer Cristiano Ronaldo à la Juventus Turin. Quel est le rapport vous dîtes-vous peut-être ? On vous explique tout.
Du 15 au 17 juillet, un mouvement de grève perturbe le fonctionnement de l’usine Fiat de Melfi, petite ville italienne, située dans la région Basilicate. L’objet de la protestation ? La signature à la Juventus Turin de Cristiano Ronaldo. Pour s’octroyer les services de la star portugaise, le club turinois aurait déboursé dans les 112 millions d’euros. Une situation « inacceptable » pour un syndicat estimant que « l’entreprise demande aux salariés de faire d’énormes sacrifices financiers et que dans le même temps elle décide dépenser des centaines de millions d’euros pour un joueur de football ». La suite du communiqué ressemble à un condensé dans la doctrine communiste : « Nous sommes les salariés du même propriétaire, mais en cette période d’importantes difficultés sociales, cette différence de traitement ne peut et ne doit être acceptée. L’entreprise devrait plutôt investir dans des modèles de voiture qui garantissent le futur de milliers de personnes plutôt que d’enrichir seulement une autre ». Dans la vidéo qui suit, il est évoqué la somme de 400 millions, cela correspond (en arrondissant à la centaine supérieure) à l’indemnité de transfert ainsi que les salaires supposés du joueur. Ce même syndicat s’est-il indigné lorsque Paul Pogba quitta la Juventus Turin pour Manchester United contre une somme équivalente ? Certes, le club bianconero n’a pas pour habitude d’acheter des joueurs pour des sommes records*. Cela parait évident aussi que John Elkmann (Président de FCA) et Andrea Agnelli (Président de la Juventus) ne discutent pas de comment la Juventus doit programmer ses investissements afin de préserver la santé de Fiat. Ce serait le monde à l’avers qu’un club de foot vole au secours d’un constructeur d’automobiles !
Même actionnaire, pas la même situation.
En hurlant à peu de frais sur une immense star du foot, ce syndicat s’offre un joli coup de projecteur. Cependant, le raisonnement est à minima simpliste. Si la famille Agnelli demeure très présente dans l’organigramme de Fiat Chrysler Automobiles tout en étant propriétaire de la Juventus, la question du transfert de CR7 à la Vieille Dame ne devrait pas être mêlée à la situation financière de Fiat et tout particulièrement du site proche de Naples. En effet, l’arrêt de la Punto fabriqué là-bas entrainera une rotation d’effectifs qui devrait générer du chômage technique pour les 1 700 employés qui n’ont par ailleurs eu aucune augmentation de salaire depuis 10 ans. Aucun nouveau modèle pour le moment n’est prévu d’y être assembler. On comprend l’inquiétude des employés de Melfi et peut-être la frustration de certains en voyant la situation financière enviable de la Juventus Turin. Depuis quelques années, le club turinois a pris le virage de la modernité, lui donnant une avance considérable sur ses concurrents italiens avec son propre stade. Grâce à la hausse de ses revenus (droits TV, sponsoring, merchandising, billetterie, vente de joueurs…), le résultat net est dans le vert depuis l’exercice 2014-2015 en plus des résultats sportifs. La Juventus peut ainsi se permettre « une folie » sur le marché des transferts. D’autant, que la venue du Ronaldo sera synonyme de fortes retombées merchandising. La Juventus Turin est l’un des clubs les plus supportés dans le monde. 14 millions rien qu’en Italie et dans les 170 millions dans le monde (en tout cas 33 millions sur sa page Facebook) !
Un flop !
Le mouvement de grève dans l’usine de Melfi a été peu suivi. C’est un euphémisme ! Seul 5 salariés sur 1 700 ont répondu à l’appel soit un taux de 0,3%.
*Avant Ronaldo, le transfert le plus élevé pour un joueur signant à la Juventus était celui de Gonzalo Higuain en 2016 pour 90 millions d’euros. Avant cela : Gianluigi Buffon (de Parme) pour une somme de 54 millions d’euros lors de l’été 2001. Ce même été là, la Juve signe également Pavel Nedved pour 41 millions d’euros, Lilian Thuram pour la somme et Marcelo Salas pour 21 millions d’euros mais avait également vendu Zinédine Zidane au Real Madrid pour 76 millions d’euros.