Le 31 août prochain, la toute dernière Viper de l’histoire sortira de la chaîne d’assemblage du Conner Assembly Plant de Detroit. L’arrêt de production de la Viper sonne, temporairement ou non, le glas d’un mythe automobile : la supercar 100% américaine.
Pour les aficionados de la Viper, 2017 s’annonçait voici quelques mois encore comme l’année de la célébration des 25 ans de leur voiture préférée. Elle figurera finalement dans les annales automobiles comme une année funeste. Elle marque un dernier soubresaut dans l’histoire mouvementé d’un modèle iconique qui n’a toutefois jamais connu le succès commercial escompté par ses concepteurs.
Genèse d’une légende américaine
Basée sur une concept car populaire, la Viper a été lancée en 1992 comme une voiture de sport allant à l’essentiel. Dôtée d’un châssis déficient, sa première génération était tellement dure à conduire qu’elle semblait littéralement se désintégrer sur un simple regard. En absence d’un réglage variable de la distribution, son surpuissant moteur SRT-100 de 500 ch semblait plutôt déployer la puissance d’une Corvette plutôt que celle attendue d’une vraie supercar.
Une fois ses défauts de jeunesse corrigés, la Viper se transforma dans la bête de course que nous connaissons aujourd’hui. Elle remporta notamment dans sa catégorie les éditions 1998, 1999 et 2000 des 24 Heures du Mans.
Dodge Viper ACR, 645 chevaux sur route et sur piste
Version compétition de la supercar, la Viper ACR est une voiture brute et brutale qui effraiera plus d’un conducteur. Avec sous le capot un moteur V10 de 8.4 litres de 645 chevaux, l’ACR va très très vite. Elle détient ainsi le record du tour pour une voiture de série sur une douzaine de circuits de renommée internationale comme la célèbre Laguna Seca Raceway.
Une icône des circuits mais un flop commercial
Avec moins de 30 000 exemplaires produits en 25 ans, le mythe de la Dodge Viper est loin d’avoir accouché d’un succès commercial. Après avoir fait les frais de la faillite de Chrysler en 2009, la Viper a été relancée en 2012.
Cette Viper nouvelle génération restylée reprenait l’ADN de la marque avec un moteur V10 à boîte manuelle. Les ventes ne furent pas au rendez-vous malgré une importante baisse tarifaire consentie par la marque. Est-ce la consommation du moteur V10 en pleine envolée du prix de baril ou le côté rebutant d’une boîte manuelle pour les américains qui expliquent ce flop ? Nous ne saurions le dire. Toujours est-il que ses ventes en 2016 ont plafonné à 630 exemplaires. Loin, vraiment très loin de l’objectif des 1500 exemplaires par an fixé par FCA. Une contre-performance qui valu à la Viper de figurer en bonne place dans la liste des “Meilleures voitures que personnes n’achètent” du magazine Road & Track.
Avec un prix de départ de 90 495 dollars pour une SRT Coupé et de 121 995 pour l’ACR, il faut dire que la légende faite main à Détroit n’est pas vraiment accessible à tous. Pour posséder une version luxe qui fait l’impasse sur quelques finitions de qualité douteuse, il était de plus nécessaire de s’acquitter de quelques options supplémentaires.
Ce tarif exclusif n’a pas empêché la Viper de faire un dernier baroude d’honneur. Les exemplaires de sa dernière série spéciale se sont vendues en l’espace de quelques minutes.
Le 31 août marquera-t-il réellement la fin de l’épopée Viper ? Un faible espoir de voir une nouvelle génération de Viper demeure encore. Sergio Marchionne, le PDG de FCA, a émis l’hypothèse de lancer une nouvelle Viper dans un avenir, toutefois des plus incertains. Elle serait basée sur la nouvelle plateforme Giorgio d’Alfa Romeo qui promet d’équiper tous les nouveaux modèles d’Alfa et de Maserati ainsi que les SUVs de Dodge et de Jeep. Le projet de nouvelle Viper figure toutefois très certainement tout en bas de la liste de priorités du groupe FCA. Il est de plus loin d’être acquis que les irréductibles de la supercar 100% américaine puissent être séduits par une Viper aux saveurs italiennes.