À Dakar, où il était en vacances, Jean-Pierre Beltoise a succombé à un double accident vasculaire cérébrale (le 31 décembre et le 1er janvier). Il avait 77 ans. Victorieux à Monaco en 1972, membre de la fameuse team Matra… Beltoise était depuis sa retraite sportive un militant actif pour une sécurité routière moins stéréotypée dans son école de conduite à Trappes. Il disait, « ce n’est pas l’excès de vitesse qui tue, c’est la vitesse excessive ».
Finalement, pour beaucoup de pilotes de ces années-là, connaître une mort relativement douce entouré de sa famille et non lors d’un crash sur un circuit est une chance. Jean-Pierre Beltoise manqua de se faire tuer en 1971 sur les 1 000 km de Buenos Aires. Il fut ravagé par la mort de son beau-frère, François Cevert, en 1973. Pilote de course rimait alors avec danger et une forte probabilité de mourir.
Des courses emblématiques, un imposant palmarès
Jean-Pierre Beltoise n’a pas le plus grand palmarès du sport automobile français. Mais le natif de Boulogne-Billancourt (23 avril 1937) a gagné dans diverses catégories. En moto, où il débuta (11 titres nationaux entre 1961 et 1964), puis en course de côte, en Formule 3, en Formule 2, en Formule 1 (86 GP et une victoire à Monaco en 1972). Il a aussi disputé des courses mythiques comme les 1 000 kilomètres de Paris, de Buenos Aires, du Nürburgring, d’Imola et participa 14 fois aux 24 Heures du Mans. De ces années-là, reste cette célèbre photo du Team Matra. De gauche à droite : Henri Pescarolo, Johnny Servoz-Gavin, Jean-Pierre Beltoise et Jackie Stewart.
Une autre vision de la sécurité routière
Retiré des circuits dans les années 1980 après avoir fait du SuperTourisme avec Peugeot, Jean-Pierre Beltoise fonda en 1985 sa méthode « conduire juste ». Une méthode qui vise à expliquer les dangers de la circulation et acquérir un comportement routier aussi responsable qu’efficace. Regrettant de ne jamais être consulté sur le sujet, fustigeant la politique répressive des différents gouvernements, Beltoise expliquait que « nous n’apprenons pas à bien conduire, encore moins à bien nous comporter, ou à respecter les autres automobilistes ». « Quelle expérience du freinage d’urgence, de la conduite de nuit, de la perte d’adhérence, de la nécessité d’observer loin devant, d’imaginer que le pire peut se produire, ou considérer son temps de réaction pour définir la bonne distance de sécurité… En revanche on apprend à revendiquer sans se soucier du contexte : ‘’Jai priorité’’, c’est donc à moi de passer et, si nécessaire, je force le passage ».
Sur la question des limitations de vitesse, Jean-Pierre Beltoise affichait du bon sens face à la remise en question systématique par les politiques : « Je ne prêche pas pour le non respect des limitations de vitesse. Simplement, je pense qu’il faut savoir adapter sa conduite à l’environnement en fonction de sa propre expérience… Pour moi, l’assassin en puissance n’est pas le conducteur vigilant, qui dépasse la limitation de vitesse avec une grosse cylindrée sur une route dégagée et de bonnes conditions météo, mais l’inconscient qui, en vous empêchant de doubler ou en vous serrant de près avec beaucoup d’agressivité mal placée, met en danger la vie des autres ». Adieu.
L’intégralité des propos est à retrouver ici.