Parfois moquée et souvent maltraitée par la mode du tuning, la Renault Fuego fait figure d’incomprise dans l’histoire de Renault et des coupés plus ou moins sportifs. 30 ans après sa disparition, il y a désormais une certaine tendresse pour une automobile aux allures de Madeleine de Proust pour beaucoup.
Voiture en avance sur son temps, tout en étant sous-motorisée jusqu’à l’arrivée de la version Turbo, la Renault Fuego a aujourd’hui une certaine côte d’amour. Dans les années 2000, l’évocation de la Renault Fuego se faisait sur le ton de la plaisanterie (rien de plus qu’une voiture de beauf). En 2003, dans la comédie absurde de Kad Merad et Olivier Baroux « Mais qui a tué Pamela Rose », on retrouve une Renault Fuego désignée par l’inspecteur Bullit (Kad Merad) comme « une voiture de collection de prestige »… Rires.
Pour ceux qui s’en souviennent, les publicités pour la Fuego en faisaient trop, beaucoup trop. Même pour l’époque, en France comme à l’étranger. C’est peut-être pour cela qu’on apprécie la Fuego. On y voit une forme d’humour très décalé bien loin du consensus communicant actuel.
La Renault qui s’inspire d’une « Porsche du pauvre » ?
Née sur une base de Renault 18 et présentée au salon de Genève 1980, la Fuego avait de bons arguments pour faire tourner les têtes tout en prenant la relève des coupés R15 et R17. Son profil allongé, souligné par sa bande noire et son hayon vitré rappelaient la Porsche 924. Du coup, les comparaisons ont fait florès entre la Porsche au rabais (la Fuego) et la Porsche du pauvre (le 924) comme on disait alors. La comparaison s’arrête là car à sa sortie la motorisation la plus performante (GTS) plafonne à 96 chevaux pour un prix jugé assez dissuasif (à partir de 51 800 francs d’alors, soit 21 750 euros d’aujourd’hui). Du coup, beaucoup de Français se sont rabattus sur la modeste version d’entrée de gamme à 64 chevaux (GTL) à partir de 43 000 francs (18 060 euros). En plus de ces modestes mécaniques à carburateur, la presse de l’époque souligne notamment des freins arrière à tambour indignes.
Cependant, dès 1981, les versions TX et GTX sont proposées avec 110 chevaux. En 1983, le lancement de la Fuego Turbo diesel permet même à la Française d’obtenir un record de rapidité en octobre 1982 pour un coupé mazout avec une pointe à 175 km/h en plus de proposer pour la première fois dans le monde une télécommande pour la centralisation des portes (la fameuse commande PLIP). Le hic, c’est que les coupés comme la Fuego mais aussi l’Opel Monta et la Ford Capri n’ont plus le vente en poupe. Le marché est en passe d’être dominé par les petites nerveuses comme la 205 GTI.
La Fuego Turbo
Si l’on ne doit retenir qu’une variante de la Fuego, c’est la nouvelle version de 1984. Intérieur plus moderne (et en velours), pare-chocs et calandre qui évoluent, des beaux autocollants TURBO sur les côtés et des jantes aluminium BBS. L’ensemble inspire davantage de sportivité en plus d’un nouveau moteur turbo essence de 1 565 cm3 en aluminium né à Cléon offrant jusqu’à 132 chevaux. Cette phase 2 n’est cependant pas parvenue à convaincre le marché. Le coupé ne parvient pas à se faire une place dans le cœur des Français alors qu’elle obtient des résultats plutôt intéressants en Allemagne, en Espagne ainsi qu’en Argentine (où sa carrière dura jusqu’en 1992). Exactement 265 367 exemplaires ont vu le jour jusqu’à la vente de la dernière Fuego en 1987 en France.
Une Fuego d’occasion en bon état, ça vaut combien aujourd’hui ?
Trouver de nos jours une Renault Fuego en bon état est un travail de patience et qui vous demandera également beaucoup de vigilance. En effet, les exemplaires bien conservés sont plutôt rares. S’agissant des prix, des modèles GTL ou GTS peuvent se trouver à moins de 2 000 euros. Comptez plutôt sur 4 000 euros pour une Fuego Turbo.