Afin de lutter contre les embouteillages, la ville de Rotterdam récompense les automobilistes qui parviennent à différer leurs trajets des heures de pointe. Jusqu’à 180€ par mois !
On entend souvent que l’écologie doit être incitative et non punitive. Sauf que cette idée rencontre rarement la réalité, surtout lorsqu’il s’agit d’automobile. Sauf peut-être à Rotterdam ou à Stockholm où certains automobilistes sont payés pour différer leurs trajets en voiture des heures de pointe et cela depuis 5 ans. L’idée n’est pas de taxer ceux qui se retrouvent tous les matins sur les voies périphériques, sans avoir d’autres choix, mais de gratifier ceux qui peuvent faire autrement en décalant leurs horaires et/ou en ayant recours au télétravail.
Comment ça marche ?
Afin d’éviter tout effet d’aubaine, les services municipaux de Rotterdam ont collaboré avec la société BNV Mobility et ont relevé durant 8 semaines les immatriculations des voitures dans les embouteillages des trajets pendulaires (aller-retour domicile-travail) en des lieux stratégiques comme les alentours du port de Rotterdam (le plus grand d’Europe). En croisant ces plaques avec le fichier des cartes grises, 10 000 conducteurs ont été contacté afin de les convaincre d’essayer ne plus circuler sur ces axes aux heures de pointe durant un an. 4 000 ont accepté en échange d’un dédommagement calculé à partir des données d’un boitier GPS installé à bord. Jusqu’à 180€ par mois tout de même ! Aux candidats de s’arranger pour modifier leurs horaires de travail ou opter pour du télétravail. Ainsi, les embouteillages auraient diminués de 5%. « En tout, 20 000 automobilistes ont joué le jeu, généralement sur des programmes de 1 ou 2 ans. Leurs habitudes ont ensuite durablement changé puisque 40 à 80% continuent de modifier leurs trajets ou de faire du télétravail après la fin des incitations » indique Bernard Matyjasik, directeur du programme Smart City chez Egis, et chargé de réfléchir à une adaptation de la formule en France.
Lille y réfléchit
Ce modèle est-il adaptable à la France ? La métropole lilloise et Bernard Matyjasik y réfléchissent pour 2016. La formule a deux immenses qualités : Celle de pouvoir être rapidement mise en place et de ne coûter pas grand chose, contrairement au canal Seine Nord Europe qui se fait attendre depuis 2008 ou le Réseau Express Régional à l’étude depuis 2010.
Pour autant, la formule repose sur le partage volontaire des données des automobiles (ce que nous faisons déjà avec Waze ou Google Map) et ne s’adresse qu’à des automobilistes préalablement sélectionnés. Les avantages offerts ne sont pas détaillés, même si « notre modèle économique s’appuie sur des tickets Transpole à prix réduits, des remises sur les assurances automobiles, des accords avec les entreprises sur les horaires » indique Damien Castelain, le Président de la Métropole Européenne de Lille (MEL) dans La Voix du Nord. Dommage que le chèque cadeau soit préféré à un chèque en euros.
Avec La Voix du Nord et Challenges