Les livres d’Histoire indiquent que l’essor de l’industrie automobile fut inexorable au début du XXe siècle. Sauf qu’un certain George B. Selden a failli tout faire capoter. Cet homme de loi, américain, prétendait être l’inventeur de l’automobile, il attendait ainsi que chaque constructeur lui reverse des royalties.
De chaque côté de l’Atlantique, la conquête automobile fut menée à un rythme soutenu au début du XXe siècle. Et pourtant, George B. Selden a bien failli faire capoter cette industrie naissante. C’est en fait l’histoire d’une arnaque. Une magnifique arnaque tant par l’ampleur des dégâts que de sa relative simplicité. Homme de loi, George Selden était tout simplement parvenu en fouillant les brevets à en trouver les faiblesses, puis à les maquiller afin qu’il se retrouve sur le papier l’inventeur de l’automobile de part le brevet Selden n°549160 datant du 5 novembre 1895.
Convaincre les fabricants du bon droit
Dans le texte, il est mention de « la combinaison, sur une locomotive routière, équipée d’un train de roulement convenable avec roues motrices et direction, d’un moteur à compression à hydrocarbure, comprenant un ou plusieurs cylindres, un réservoir à carburant, un arbre de transmission conçu pour tourner plus vite que les roues motrices, un système de débrayage et une carrosserie convenable adaptée au transport des personnes et des marchandises ». Mais l’année 1895 ne suffisait pas pour faire de Selden l’inventeur de l’automobile. Si bien que l’escroc est parvenu à convaincre l’industrie que le dépôt de ce brevet datait en réalité du 8 mai 1879, 16 ans plus tôt ! De fait, ce brevet qui devait tomber dans l’oubli devenait la référence.
En association avec le Président d’un compagnie factice, la Electric Vehicle Company de George Day, Selden déclencha les hostilités en 1899 en attaquant pour contre-façon la Winton Motor Carriage Company avec succès après jugement le 20 mars 1903. Devant la peur de la jurisprudence, la concurrence plia devant le brevet Selden avec le versement de 5% du chiffre d’affaire. Le « Racket Selden » voit le jour.
L’Europe au secours de Ford
Comme souvent dans les arnaques, c’est la volonté d’amasser toujours plus qui conduit à se faire prendre. L’association de George Day et Goerge B. Selden (Association of Licensed Automobile Manufacturers ou ALAM) ne reconnait que les constructeurs affiliés. Face à l’augmentation d’une production contrôlé, les royalties passent à 1,25%, puis 1% du chiffre d’affaire, mais bien des dents grincent. À commencer par celles de Henry Ford vexé que l’association ne reconnaisse que les constructeurs nés avant sa création (1899 contre 1903 pour Ford). En ce début de siècle, chaque automobile porte sur son châssis le sceau du brevet Selden. Mais en Europe, les constructeurs allemands et français n’entendent pas s’acquitter de pharamineux droits d’entrée. Au point que chez Panhard, Jeantaud ou Levassor, on pense qu’il s’agit d’un bluff éhonté. Une légion d’avocats examina alors tous les brevets antérieurs à celui de Selden et la preuve de l’arnaque fut ainsi mise au grand jour en 1903. Sauf que la procédure dura près de 9 ans avec un jugement définitif le 12 novembre 1912. Les frais de justice coutèrent 100 000 dollars de l’époque à l’ALAM conduisant à la disparition même de l’association. Libérée de cette contrainte, l’industrie automobile s’envola, tout particulièrement Ford qui n’eut besoin de faire de réclame pour sa Ford T de 1917 à 1923 tant la demande fut conséquente !
Avec Histomobile.com