Arkadiusz Podniesinki a réalisé un étonnant voyage photo. Il s’est baladé au coeur de la zone d’exclusion de Fukushima. L’endroit est devenu invivable depuis la catastrophe nucléaire consécutive au Tsunami de mars 2011. Emprunt d’une poésie morbide, ses photos montrent une nature qui reprend ses droits en dépit de l’invisible poison.
Le parallèle avec le début de la diffusion de la saison 6 de The Walking Dead ne peut être évité tant les paysages photographiés par Arkadiusz Podniesinki semblent trahir une activité humaine tout d’un coup interrompue par une catastrophe. Sauf que pour la zone d’exclusion de Fukushima, il ne s’agit pas de fiction mais de la réalité. De la vie de 160 000 personnes que le gouvernement japonais a fait évacuer après le plus grave incident nucléaire depuis 1986 et Tchernobyl. Le séisme conjugué au Tsunami du 11 mars 2011 a conduit à une accumulation d’erreurs et de défaillances entrainant le défaut du refroidissement des réacteurs de la centrale de Fukushima. Le coeur d’au moins deux réacteurs nucléaires a fondu.
Là où le temps s’est arrêté
Afin de dégager les routes, les services japonais ont déplacé des centaines, voire des milliers de véhicules pour les entreposer ici ou là comme dans ce champ rendu inaccessible non loin du Futuba. C’est par drone que Arkadiusz Podniesinki a réussi à les capturer dans leur ensemble. On y voit ce qui parait au loin comme un embouteillage au coeur d’une végétation qui a repris ses droits depuis plus de 4 ans. Dans certains endroits, les feuillages montent plus haut que les voitures. Le temps y semble arrêté, preuve que cette solution provisoire est partie pour durer. En effet, les autorités japonaises ne pourront déplacer ces véhicules qu’avec l’accord des propriétaires. Mettez-vous à leur place, que feriez-vous d’un monopsace radio-actif ? Au plus près de ces voitures, le photographe polonais relève un taux de radiation de 6,7 uSv/h. Un niveau de contamination certain dont les retombées ne pourront être réellement quantifiées au fil des années.
D’autres clichés sont stupéfiants. On y voit par exemple une moto tenant sur un réverbère et grignotée par les mauvaises herbes. Plus surprenant encore, certains quartiers de Namie bénéficient toujours d’éclairage publique la nuit tombée. Pourtant plus personne n’y habite.
Ironie de l’histoire, Arkadiusz Podniesinki se prend en photo juste en dessous d’une arche traversant la route et où il est écrit : « L’énergie nucléaire est l’énergie d’un futur radieux ».
Je vous conseille vivement la visite du site d’Arkadiusz Podniesinki. Le Polonais s’est fait une spécialité des sites abandonnés comme Fukushima, Tchernobyl ou encore Tomboa, cité angolaise rongée par le désert.