Les embargos, le bilan carbone… Un dictateur s’en fiche pas mal. Surtout lorsqu’il s’agit de rouler en limousine blindée.
Cela n’étonne personne mais l’article des Echos soulignant le train de vie de Kim Jung-Un depuis sa prise de pouvoir en 2012 a de quoi laisser perplexe. Son pays, la Corée du Nord, est lourdement sanctionné depuis des décennies par une multitude d’embargos, notamment sur les produits de luxe depuis 2006. Ce qui n’empêche pas le dirigeant de mener la grande vie quand son peuple meurt de faim et de froid (quand ce n’est pas en prison). Salle de cinéma personnelle, pour 147 millions de dollars de cognac et whisky pour recevoir Dennis Rodman et des voitures luxe (Rolls-Royce Phantom et Mercedes-Maybach) pour ses récents déplacements à Singapour, Pyongyang et Vladivostock pour y rencontrer respectivement Donald Trump, Mike Pompeo et Vladimir Poutine. Pourtant, il n’est pas possible sur le papier de procurer de tels produits dans son pays. Alors comment Kim Jung-Un a fait ?
Intéressons-nous au circuit emprunté par la Mercedes-Maybach blindée comme détaillée par les Américains du C4ADS, le Center for Advanced Defense Studies (centre de recherches avancées de défenses). Un rapport consultable en ligne et très intéressant.
Du fait de l’embargo, il n’a pas été possible pour l’état nord-coréen d’acheter directement la limousine allemande. Un représentant a ainsi commandé ce modèle S600 « Long Guard » dont le niveau de protection VR10 permet de résister aux balles perforantes, aux grenades et aux roquettes pour la modique somme de 500 000 dollars. Sortie d’usine en juin 2018, la voiture embarqua dans un conteneur à Rotterdam afin de s’engager dans un périple de 3 mois via des compagnies plus ou moins identifiées dans le rapport. Un premier trajet jusqu’au port de Dalian en Chine avant que la Mercedes-Maybach ne soit supposément expédiée à Osaka (Japon) avant de débarquer (de manière formelle) à Busan (Corée du Sud). La Mercedes-Maybach allait-elle traverser la péninsule de manière aussi directe ? Certainement pas. Aussi, le conteneur aurait vogué jusqu’à Vladivostock via Nakhoka (Russie), avant de très probablement embarquer dans un transport aérien pour rejoindre Pyongyang. Le 7 octobre, deux avions IL-76 de la compagnie nord-coréenne Air Koryo ont fait la navette avec l’aéroport russe.
Un sacré voyage pour une voiture mais comme annoncé en préambule, le bilan carbone n’est pas vraiment le genre de préoccupation qui empêche Kim Jung-Un de dormir.