L’Espagne aussi veut supprimer les moteurs thermiques (mais pas que)

Alors que la grogne des gilets jaunes monte en France, regardons ce qu’il se trame en Espagne. Un projet de loi ambitieux commence à y être discuté et il ne s’agit pas seulement d’interdire toute immatriculation de voitures à motorisation thermique à compter de 2040.

Après tout, interdire les voitures qui fonctionnent à l’essence comme au diesel à partir de 2040, la France et la Grande-Bretagne l’ont déjà annoncé. Le Danemark le fera dès 2030. La Norvège souhaite même le faire pour 2025. Ce qui change dans le projet de loi sur le changement climatique du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 5 mois, est qu’il concerne même les véhicules hybrides. Cité par l’agence Reuters, le document indique ceci : « À partir de 2040, l’immatriculation et la vente de voitures de tourisme et de véhicules commerciaux légers qui émettent du dioxyde de carbone ne seront plus autorisées ». Ajoutons que dans ce même document il est précisé que l’utilisation du parc auto existant sera prohibée à peine 10 ans plus tard, en 2050 !

Précisons également que chaque ville de 50 000 habitants ou plus devra mettre en places des zones à faibles émissions dès 2023 à l’instar de ce qu’il se pratique à Barcelone et Madrid. Concrètement, la circulation automobile y est limitée, voire interdite dans l’hypercentre. L’occasion aussi de souligner que Paris n’est pas la pire ville d’Europe pour les automobilistes…

30 millions de voitures en circulation en Espagne

Ce projet de loi a tout d’un arrêt de mort pour l’automobile telle que nous la connaissons. Telle que les Espagnols la connaissent. Il s’en compte environ 30 millions dans le pays. Cela parait très ambitieux que plus aucune voiture thermique ne soit vendue dans seulement 22 ans. Plus aucune utilisée dans 32 ans. Cela reviendrait à changer plus d’un million de voitures par an dans un marché de 1,2 million de véhicules en 2017. Seul bémol enclin à l’optimisme, en 2017, la part de marché du véhicule électrique s’établissait à 5,1%.

La voiture thermique, seulement une victime de la guerre contre la consommation d’énergies fossiles déclarée par ce projet de loi ? Car outre, la disparition des voitures thermiques est prévue la fin des permis de recherche et les licences d’exploitation d’hydrocarbures sur le territoire, y compris maritime. Celles en cours cesseront au pire en 2040. Par ailleurs, l’ensemble des subventions qui favorise la consommation d’énergies fossiles disparaitrait avec interdiction d’en créer des nouvelles. Comprenez qu’en Espagne (comme en France) existent tout un tas d’aides et niches fiscales. Cela ira-t-il jusqu’à taxer le kérosène des avions par la dénonciation de la convention de Chicago adoptée en 1944 et ratifiée par les 191 États membres de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) ? Quid des paquebots ?

À fond sur la voiture électrique

Même si l’on manque encore de recul sur les pollutions générées par les voitures électriques (notamment dans la fabrication de la batterie, sa durée de vie, sa recharge et son recyclage), le projet du gouvernement espagnol mise clairement dessus. Ainsi est-il prévu l’installation massive de bornes de recharge. Cette transition écologique voulue dans le cadre des Accords de Paris sur le climat s’accompagne d’une mutation énergétique symbolisée par la volonté de générer 3 000 mégawatts d’énergie solaire en l’espace de 10 ans. À terme, en 2050, « le système électrique devra exclusivement reposer sur des sources d’énergies renouvelables ».

Autre volet, la consommation d’énergie domestique. Entre 2021 et 2030, le premier ministre Pedro Sanchez et ses équipes ambitionnent la mise à jour énergétique de 100 000 logements par an avec une attention toute particulière sur les « groupes vulnérables », les personnes les moins riches. Autre volonté, dès 2025, toute nouvelle construction de bâtiment devra être à « consommation d’énergie zéro ». Les baux gouvernementaux devront également satisfaire à cette exigence avant 2025 sous peine de ne pas être renouvelés. Trop ambitieux ?

Un projet ambitieux mais…

Si le projet du premier ministre Pedro Sanchez est ambitieux, il doit encore être voté par le parlement, ce qui pourrait intervenir avant la fin de l’année. Et ce n’est pas gagné puisque le gouvernement n’y a pas de majorité. Si l’ensemble peut sembler trop ambitieux, soulignons qu’il a le mérite de donner un cap, celui d’une économie décarbonée. Vous y croyez ?

Source : Reuters

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

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