Les secrets derrière le camouflage

Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, les constructeurs ont généralisé le camouflage de leurs futurs modèles encore en phase d’essais. Focus sur une technique dont on ignore presque tout.

Ils sont des dizaines à parcourir les alentours des pistes d’essai : Les Paparazzis ! Car oui, il n’y a pas que la vie privée des stars et des hommes politiques qui intriguent ! La plupart des sites et blogs automobiles raffolent de ces photos volées, ces spyshots de véhicules camouflés.

Ce qu’on peut voir et ce qu’il ne veulent pas qu’on voit !

La phase d’essai d’une nouvelle voiture se passe très essentiellement sur piste d’essai et circuit. Néanmoins, la réaction aux embouteillages, aux défauts de la route, au dos d’âne ou tout simplement aux conditions météo les plus rudes ne peuvent être simulées. C’est pourquoi les nouveautés se fondent parfois sur nos routes à ceci près qu’elle sont camouflées. Léger pour un restyllage ou plus lourd pour un nouveau modèle, le camouflage traduit une philosophie de la part du constructeur. Il ne souhaite pas dévoiler les lignes du modèles, parfois même le nom. Ce n’est pas sans ignorer que des photographes espions agissent dans les environs. Résumons cela comme une féroce bataille entre ce qu’on voit, ce qu’on voudrait voir et ce qu’ils ne veulent pas qu’on voit comme ici avec la nouvelle Toyota Prius en discrète balade quelques part en Thaïlande. Débute alors un jeu du chat et de la souris, même si parfois le jeu est organisé. Par exemple, un grand nombre de constructeurs testent leurs véhicules dans les rudes conditions hivernales en Suède, à Arjeplog et son célèbre circuit éphémère.

Le camouflage est-il prétentieux ? C’est une question que l’on peut se poser en dépit de son origine remontant au milieu du XXe siècle. Non, il y au moins 3 intérêts. Le premier est de préserver le secret (et la surprise lors de la présentation). Le second est de pas livrer trop vite ses intentions, son style et ses technologies aux concurrents. Le troisième est de préserver les ventes de la gamme actuelle avec un véhicule qui ne donne envie à personne en l’état. Ajoutons qu’en association avec une campagne de communication soigneusement orchestrée, un modèle camouflé peut générer de l’envie auprès du grand public sinon des passionnés.

Ces dernières années, on a également vu les constructeurs proposer des camouflages esthétiques. Jaguar est parvenu à masquer les volumes de la F-Type avec un logo tourné dans tous les sens tandis que McLaren usa d’un film sur lequel figuraient les plus beaux circuits du monde.

Le camouflage, un bricolage devenu technique

Pour une compacte, ce sont 60 à 70 feuilles d’adhésif qui sont nécessaires afin de camoufler la voiture. Le premier objectif est de cacher la globalité des lignes et des volumes, parfois à grands renforts de mousses ou de plastiques. Le deuxième impératif est de préserver la personnalité de la voiture : La forme des optiques, la face avant, les jantes, les coques des rétroviseurs… Cela pourrait être facile s’il ne fallait pas laisser entrer l’air dans le moteur, s’il ne faillait pas conserver la visibilité des feux, si les clignotants latéraux ne devaient pas être visibles… Un casse-tête qui demandait 3 jours de travail à la fin des années 90. L’évolution des techniques ont permis de progressivement ramener ce délai à un jour. Spécialiste du camouflage chez Opel, Andreas Kubis résume l’évolution de son métier sur le site média d’Opel : « Au fil des années, on voit bien comment l’évolution s’est faite, et comment on est passé des modes en vigueur dans la carrosserie à la philosophie de camouflage correspondante ».

Extérieur et intérieur

L’habitacle est également victime des indiscrétions des photographes. À mesure que les zooms et la résolution des appareils évoluaient, les constructeurs ont créé des procédures à l’intérieur des véhicules au coeur des années 2000. Ce fut tout d’abord de disgracieuses et peu pratiques housses en skaï tenues par des Velcro qui masquaient les compteurs, les ouïes, la planche de bord, les sièges… Aujourd’hui, c’est un jersey synthétique beaucoup plus fin qui décore l’habitacle tandis qu’un film spécifique permet de cacher l’intérieur de l’habitacle depuis l’extérieur tout en conservant la visibilité à l’intérieur. Du confort pour les pilotes d’essai et les ingénieurs, même si ces derniers sont parfois un peu trop bavards…

Camouflage ou diversion ?

Dans un étonnant paradoxe, la camouflage permet à la fois discrétion et médiatisation. Une autre solution existe comme le raconte Andreas Kubis : « Nous ne voulions pas rendre le premier prototype encore plus intrigant. C’est pourquoi nous n’avons pas camouflé l’Adam S. Au lieu de cela, nous lui avons donné l’apparence d’une voiture d’auto-école » avec une inscription et quelques zébrures de circonstances. Les paparazzis ne l’avaient alors pas remarqué.

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

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