Le 7 mars, BMW fêtera ses 100 ans. Et si l’avenir s’annonce radieux pour la firme allemande, les livres d’Histoire nous indiquent que cela relève du miracle ! Voyageons dans le temps, à la fin des années 50 et dans les années 60 et revivons l’époque qui changea le destin d’une entreprise endettée, menacée de rachat par Daimler-Benz et à la gamme aussi réduite qu’obsolète.
Le contexte
Comme bien des entreprises allemandes qui existaient déjà au début du XXe siècle, le passé de BMW est torturé. Une entreprise qui a vu le jour le 7 mars 1916 et dont la vocation était la fabrication de moteurs d’avions en période de première guerre mondiale. Une activité acceptable (au regard de la suite) qui lui fut néanmoins interdite après 1918. Pour survivre, BMW se lança dans la production de moteurs de motos, de camions et de voitures avec un certain succès.
Avec le régime nazi, BMW renoua avec ses anciennes compétences afin de soutenir l’effort de guerre et profita des travaux forcés. Le travail d’historiens confirma également (en 2011) que Günther Quandt* retira d’immenses ressources dans la spoliation d’entrepreneurs juifs.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, BMW est une entreprise ruinée et pillée, notamment par les Soviétiques. Face à l’interdiction de fabriquer des avions, la firme bavaroise se concentre sur les motocyclettes et l’électro-ménager.
En 1952, l’usine de Munich fabrique ses premières voitures. Des 502 et le roadster 507 en plus d’une Isetta produite sous licence. BMW semble alors à l’agonie et le groupe Daimler-Benz lorgne sur le groupe.
Le pari de Herbert Quandt
Fils de Günther, Herbert Quandt avait lui aussi le goût de l’entreprenariat, quoiqu’ayant lui-aussi profité du nazisme. En 1959, alors que le rachat par Daimler-Benz est presque acté, Herbert Quandt parvient a ressembler suffisamment d’actions du constructeur pour bloquer la vente. Actionnaire du groupe, Herbert Quandt voyait en BMW du potentiel. Avant de se lancer dans le sauvetage en son nom propre de BMW, il avait vu que la BMW 700 avait reçu un accueil assez favorable en dépit d’une technologie découlant de l’Isetta. Aussi, il était au courant des projets du bureau d’études avec notamment une berline prometteuse. Se renseignant auprès du designer Giovanni Michelloti, il est décidé de concentrer les efforts sur ce qui allait devenir la BMW 1500 au sein d’une école dénommée « Neue Klasse », la nouvelle classe.
La culture du talon-pointe
Sous la bannière « Neue Klasse » la BMW 1500 est présentée en (septembre) 1961 au salon de Francfort et séduit par ses lignes sportives qui offrent une modernité tant attendue. Jusqu’à la fin de l’année 1961, pas moins de 20 000 pré-commandes seront signées. Une immense surprise…ainsi qu’un vent d’inquiétude ! L’outil industriel qui n’est pas prêt à autant travailler. Seulement 2 000 modèles sortiront des chaînes de montage en 1962 !
La belle réputation de la BMW 1500 ne tarde pas pour une voiture 5 places, 4 portes et forte d’un moteur 4 cylindres 1,5l (le M10 fabriqué jusque dans les années 80) associé avec une boîte manuelle à 4 rapports et qui distille 59 à 80 chevaux selon les versions. Routière d’exception, la 1500 ravie ses propriétaires sur les Autobahn tandis que la culture du talon-pointe s’impose en Bavière.
Suivront les 1600 et les 1800 (formant ainsi l’ancêtre de la gamme Série 5) puis le coupé sportif 2000. Les années 60 voient ainsi la renaissance de BMW. La « Neue Klasse » dura 10 ans et inaugura le succès que l’on connait aujourd’hui.
* Günther Quandt (1881-1954) était un entrepreneur allemand, important actionnaire de BMW. Il finança en partie la campagne électorale d’Adolf Hitler en 1933. Sous-traitant du Troisième Reich au point de devoir un « champion de l’industrie de la défense » ou « Wehrwirtschaftsführer ». Sa deuxième femme, Magda Behrend (dont il divorce en 1929) devient en 1931 la femme de Joseph Goebbels, ministre de la propagande de Hitler.