Le retour du service militaire fait parti des idées soumises par certains hommes politiques en réaction aux attaques terroristes qu’a connu la France la semaine dernière. S’il est difficile de se faire une idée sur la pertinence d’une telle mesure appliquée à l’ensemble de la jeunesse, le service militaire était autrefois l’occasion pour beaucoup de passer le permis de conduire. Retour.
« Vers la fin de mon service, le capitaine m’a nommé chef de garage, mais je n’avais pas mon permis de conduire. Donc il me l’a fait passer le lendemain sur la base… Le Lieutenant m’a fait faire dix mètres, puis on s’est retrouvé devant un petit ruisseau avec un pont tout pourri. Il m’a demandé comment on faisait pour doubler sur un pont, ce à quoi j’ai répondu qu’on ne doublait pas sur un pont. Du coup, il m’a félicité et donné mon permis ». Cette anecdote plutôt amusante est racontée par Gérard Culleriez, sur le site Passeurs de Mémoire. Le témoignage d’un homme qui effectuait alors sur son service militaire, au lendemain de la seconde guerre mondiale semble-t-il.
Jacques Chirac met fin à la conscription en 1997
À la fin du XXe siècle, les besoins militaires de la France ont changé. Traités internationaux, ONU, construction européenne font que plus jamais le pays n’aura à se projeter face à ses voisins avec des milliers de soldats. « La conscription traditionnelle ne répond plus aux exigences d’une armée moderne dans un pays moderne » déclare le Président Jacques Chirac le 28 mai 1996 lors d’une allocution TV. L’armée française doit se professionnaliser, ce sera l’un des (rares) projets d’ampleur du premier mandat de Jacques Chirac.
Le service militaire est considéré comme inutile et couteux. Il est abrogé le 28 octobre 1997*. La conscription disparait le 27 juin 2001. Tous ceux nés à partir de 1980 (filles et garçons) ne passeront plus 10 mois dans des casernes humides mais se retrouvent convoqués à 18 ans à la Journée d’Appel de Préparation à la Défense (JAPD**) où la rencontre avec l’armée et la citoyenneté est une perte de temps (beaucoup révisent le bac) et où la mesure de l’illettrisme consiste en un questionnaire où il faut indiquer à quelle heure passe « Alerte à Malibu » selon le programme TV… C’est vous dire si mon expérience a été enrichissante !
Permis léger et poids-lourd.
Revenons à l’un des débats de ces derniers jours. Faut-il rétablir le service militaire afin de sceller le socle républicain avec toutes les composantes de la jeunesse française ? La question mérite d’être posée même si on ne peut que supposer que l’état des finances publiques mettra un terme à la discussion par un non catégorique. Au café du commerce, beaucoup insistent sur le fait que « le service militaire, ça faisait de toi un homme. En plus on passait le permis de conduire ». Ce qui est vrai, tout du moins pour le « Brevet Militaire valable pour la conduite des véhicules automobiles de l’Armée ou de la Marine » prévu par une législation datant de 1922 et 1923 ! Son obtention passait par un examen du code de la route comme de la conduite sous la responsabilité d’un supérieur. Elle se déroulait en quelques semaines alors qu’il faut compter plusieurs mois dans une auto-école (en plus de son prix de plus en plus élevé et des délais pour repasser l’examen en cas d’échec). Surtout, il s’agissait d’une formation logique, parfois nécessaire et donc offerte par l’armée. Véhicules légers ou poids-lourds (permis B et C), toutes les catégories étaient accessibles en fonction des « options » de la conscription (transports, marine… ) en plus des formations mécaniques, logistiques…
Quelle compétence ?
Au retour du service militaire, le permis militaire en vert était converti dans le civil (en rose) après une simple formalité administrative en préfecture. Divers témoignages dans votre entourage feront certainement mention d’une formation en accéléré, où de nombreuses composantes techniques comme pratiques étaient mises de côté. Permis de conduire d’accord, encadré par la rigueur supposée de l’armée, effectivement. Mais avec quelles compétences ?
* Le service militaire n’est plus obligatoire dans une centaine de pays. Parmi ceux où il demeure on retrouve de nombreux pays d’Amérique Latine, du Sahel mais aussi la Russie, la Turquie, la Suisse ou encore la Grèce.
** Devenue Journée Défense et Citoyenneté en 2010. La présence est obligatoire, notamment afin de passer le permis de conduire mais aussi le bac et les concours de la fonction publique.