Renault s’intéresse à un symbole de l’automobile soviétique : Moskvitch. À quoi bon ressusciter un symbole de l’URSS ?
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de Renault a confirmé que la firme au losange a « effectivement déposé auprès de Rospatent les documents nécessaires pour détenir les droits sur la marque [Moskvitch] ». En attendant la décision de l’agence fédérale de la propriété intellectuelle, aucun commentaire supplémentaire n’étaye la stratégie de Renault en Russie. Il semble néanmoins que Renault s’intéresse à cette ancienne vitrine de l’automobile soviétique dans l’optique de relancer une marque low-cost ou bon marché. Un segment qui a paradoxalement le vent en poupe, en dépit de l’effondrement du secteur automobile russe depuis un an (crise + chute du rouble).
Automobiles soviétiques
Moskvitch a disparu en 2006, au terme d’une longue agonie débutée à la chute de l’URSS. La privatisation de 1991 ne changea strictement rien à l’inondation du nouveau marché russe de modèles venus de l’Ouest comme d’Asie.
Avant cela, Moskvitch avait vu le jour en 1930. La firme s’appelait alors KIM, l’acronyme de Jeunesse Communiste Internationale et débuta la fabrication de GAZ, puis de Ford A et Ford AA. Au sortir de la seconde guerre mondiale, L’Allemagne fournit à l’URSS, en dommage de guerre, les plans et l’outillage de l’Opel Kadett de 1939. Ainsi naquit la Moskvitch 400, une petite berline devenue la première voiture russe exportée dans de nombreux pays et pas seulement du bloc de l’Est.
En 1949, KIM devient MZMA, l’Usine de Voitures Compactes de Moscou. Les Trente Glorieuses, voient les Moskvitch se répandre en URSS et dans certains pays d’Europe de l’Ouest comme le Royaume-Uni, la Norvège et même la France. D’ailleurs, Renault participe à la constructions d’usines et produit des Moskvitch 408 à Vilvoorde (Belgique).
Les années 80 ont peu à peu vu Moskvitch s’enfoncer dans les difficultés. Il faut dire que la 2141 Aleko (acronyme d’Automobile des Jeunes Léninistes) de 1986 est une copie éhontée de la Simca 1307 de 1976 ! Privatisée en 1991, Moskvitch tente de survivre avec une gamme 2141 élargie et dotée de moteurs 2 litres Renault. Les noms font référence à la glorieuse histoire russe comme la version longue Youri Dogolrouki, reconnu comme le fondateur de Moscou (XIIe siècle). La crise financière de 1998 fut dramatique. Le dépôt de bilan est effectif en 2001 avant disparition pure et simple en 2006
Tout au long de son Histoire, Renault a entretenu des relations avec Moskvitch, qu’elles soient industrielles ou commerciales. De quoi confier une certaine légitimité à la marque au losange pour redonner vie à cette marque disparue. Il faudra néanmoins rivaliser de malice marketing pour vendre aux Russes l’image d’une marque moderne et fiable. Tout l’inverse des voitures soviétiques…
Avec AFP