À l’occasion des essais de mi-championnat sur le circuit de Silverstone, Pirelli a présenté des roues de 18 pouces en les chaussant sur la Lotus E22 de Pastore Maldonado. Dans quel but ? Que se soit plus joli !
Laboratoire de l’automobile, la Formule 1 est un discipline pionnière dont les technologies se retrouvent des années plus tard dans les automobiles de série : De la transmission semi-automatique avec palettes au volant à la turbocompression, du pneu radial aux suspensions actives en passant par l’ABS. Toutes ces avancées reposaient sur un socle de commun de recherche de la performance, de la fiabilité et de l’amélioration de la sécurité.
Aujourd’hui, la Formule 1 est ultra sécurisée (l’accident de Kimi Raïkkönen l’a fort bien démontré) et les priorités ont quelques peu glissé. Aujourd’hui la F1 se doit d’avoir une éthique en terme de consommation (à défaut d’en avoir une sur le budget des écuries) et surtout attirer le jeune public afin de maintenir les audiences. C’est par ce biais qu’est entré en vigueur le V6 Turbo hybride et sa sonorité immonde, tandis que les pilotes sont contraints au régime afin de ne pas dépasser les 691 kg dans leur monoplace tout en devant opérer plusieurs dizaines d’opérations techniques sur leur volant, tenir compte des consignes du directeur sportif, gérer les pneus, la consommation, le tout à près de 300 km/h ! Jamais la Formule 1 n’a autant ressemblé à l’endurance. Depuis qu’il a quitté Red Bull et la F1, Mark Webber peut s’adonner à son repas favoris depuis qu’il est chez Porsche : Viande rouge au barbecue ! « Cela fait 5 ans que je mange pas à ma faim » confia-t-il à la fin du championnat 2013 .
Changer pour changer ne sert à rien.
Vous l’avez compris, la F1 actuelle est très critiquable. Et l’on n’a même pas parlé des museaux des monoplaces ! Mais alors qu’il y a un an (30 juin 2013) Pirelli était au coeur de la tourmente après les crevaisons avec déchappage en course de Lewis Hamilton, Felipe Massa, Jean-Éric Vergne et Sergio Perez, la firme italienne a présenté à Silverstone de nouvelles roues de 18 pouces qui pourraient succéder aux roues de 13 pouces actuelles. Durant les essais, Pirelli doit évaluer ce qu’un tel changement peut apporter à la Formule 1 même si Maurizio Boiocchi, responsable de la R&D chez le manufacturier italien, concède volontiers que ces « pneus sont principalement dessinés pour montrer l’esthétique plutôt que la performance ».
Avoir de jolis photos en situation afin de convaincre le groupe stratégique et la Commission de F1 de passer aux 18 pouces (voire 19 ou 20) pour 2016 ou 2017, puisqu’il devrait en découler une nouvelle règlementation sur les freins. Y’a-t-il un début d’argument sportif ou de sécurité dans la volonté de changer les roues ? Non, simplement essayer d’attirer un public plus jeune, amateur de grosses roues (chromées ?) et qui ne comprendrait pas pourquoi les jantes des F1 sont aussi petites. Autant dire que Pirelli a bien compris quelles étaient les priorités de la F1 d’aujourd’hui et de demain… De son côté, Bernie Ecclestone doit se frotter les mains d’avoir trouvé une nouvel argument pour lancer son projet de Historic Formula One.