La Méhari est un véhicule mythique de chez Citroën. Désormais âgée de plus de 50 ans, son succès en France est toujours aussi présent. Ses formes ludiques, son intérieur totalement modulable, son équipement sobre et sa conception cabriolet font de la Méhari un véhicule plutôt estival qui sent bon les vacances.
Atypique et populaire, l’ancienne Dyane 6 Méhari a vécu une riche histoire. Voici la saga d’une des voitures anciennes préférée des français.
Une première présentation à Deauville
L’histoire de la Méhari commence à Deauville, le 16 mai 1968. Alors que les événements de mai 1968 font rage à Paris et dans les principales villes du pays, la station balnéaire normande est un havre de paix. Citroën choisit le cadre cossu du Golf de Deauville pour dévoiler son nouveau modèle.
La marque aux chevrons y présente au public 8 véhicules de couleurs différentes. Cette palette de teinte avait été imaginée avec une finalité bien précise. Son but était de démontrer la polyvalence de cette voiture en associant une utilisation particulière à une couleur. La déclinaison chromatique des véhicules avait pour but de symboliser les usages suivants :
- Le jaune pour jouer au golf ;
- Le beige pour partir à la chasse ;
- Le rouge pour les pompiers ;
- Le bleu turquoise pour aller à la plage ;
- Le vert pour la campagne ;
- Le blanc pour l’agriculture ;
- Le gris pour la détente ;
- Le bleu foncé pour les gendarmes ;
Avec cette segmentation de l’offre particulièrement pertinente, la Dyane 6 Méhari a rencontré son public dans tous les domaines présentés lors de son lancement.
Un premier nom à double signification
Comme vous pouvez le constater, la première appellation de ce véhicule n’est pas celle sous laquelle nous la connaissons aujourd’hui. Lorsqu’elle a été présentée par Citroën, elle était encore baptisée Dyane 6 Méhari.
Avec la mention Dyane 6, le constructeur rappelle l’origine du véhicule. Le terme Méhari vient en référence à la race de dromadaire du même nom, qui est considérée comme l’animal type du nomade. Il symbolise la polyvalence du véhicule et sa capacité à transporter efficacement les hommes et les marchandises.
Un présentation réussie grâce à l’innovation de ce véhicule
Révolutionnaire à sa sortie, elle se distingue par une coque entièrement composée de plastique, une véritable innovation pour l’époque. Cela lui permet alors d’être très légère tout en résistant très bien aux chocs qu’elle peut subir. Cette carrosserie en ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène) est teintée dans la masse. Cela permet à Citroën de proposer une grande palette de couleurs qui ne se ternissent pas avec le temps.
Un autre point apprécié par les journalistes présents lors de l’inauguration et qui séduira également les utilisateurs, la Méhari peut être découverte. Comme la 2CV, il est effectivement possible de rouler avec les cheveux dans le vent. Toutefois, la Méhari va encore plus loin car tout ce qui est présent au-dessus de la ceinture du conducteur peut être enlevé. Le pare-brise peut également se plier sur lui-même. Cela lui permet d’être extrêmement modulable. Autre particularité de cette voiture, elle pèse 535 kg mais peut tout de même transporter 400 kg.
La Méhari, un véhicule imaginé par le père du Berlingot Dop
Bien que Citroën ait toujours commercialisé ce véhicule, ce n’est pas la marque qui a imaginé le véhicule en premier. Il s’agit en effet du Comte Roland de la Poype. Cet ancien pilote de chasse est également connu pour avoir imaginé le Berlingot Dop.
Après avoir quitté l’armée à l’âge de 27 ans, ce dernier commence à s’intéresser au plastique en étant persuadé qu’il s’agissait d’une véritable révolution. Il fait alors le pari de l’appliquer à de nombreux domaines d’activité et commence alors à s’intéresser à l’automobile. Avec le designer Jean-Louis Barrault, ils ont alors comme idée de proposer un véhicule s’inspirant de la Mini Moke.
Commercialiser un véhicule demandant un budget assez conséquent, ils vont alors faire le choix de proposer leur idée à Citroën qui accepte dès 1968 le prototype proposé par le Comte.
Juillet 1968, le lancement de la commercialisation
Après avoir connu un franc succès lors de la présentation en mai 1968, le véhicule est proposé à la vente dès le 8 juillet de cette même année.
Les 2 500 premiers véhicules assemblés marquent le début de l’industrialisation du modèle. Les voitures présentées lors du lancement étaient en effet des prototypes fabriqués artisanalement. Les premières méharis qui prennent la route conservent l’aspect général du véhicule, mais ils subissent de nombreux changements par rapport aux véhicules présentés à Deauville. Par exemple, les clignotants sont désormais sur l’aile alors qu’ils se situaient auparavant sous les phares. Les feux arrière ont également été remplacés par des feux de fourgonnette.
La version définitive en Octobre 1968
Le 3 Octobre 1968 a lieu le salon de l’automobile de Paris. C’est alors ce jour que la version finale de la Dyane Méhari 6 est présentée au public.
Elle est alors dotée d’un moteur de 33 CV (celui de la Dyane) et de la boite de vitesse de la 2 CV. 3 couleurs sont à l’époque disponibles (le beige, le rouge ou bien le vert). Une option est présentée, celle de la banquette arrière rabattable.
Un bilan mitigé la première année
La fin de l’année 1968 se traduit par un bilan assez mitigé à cette nouvelle voiture, uniquement 837 véhicules sont produits. Toutefois, le bilan maussade de 1968 sera vite un mauvais souvenir car en 1969, 12 624 sont commercialisés en France.
1970, un nouveau modèle et une exportation à l’international mitigée
Un nouveau modèle est présenté en 1970, il présente quelques modifications dont la finalité première est de simplifier la production. Les clignotants avants se trouvent désormais à côté des phares, les clignotants à l’arrière sont également modifiés et la plaque d’immatriculation se trouve désormais au centre de la porte de coffre.
Cette version fait l’objet d’une commercialisation à l’international. Le service export de la marque aux chevrons cible en particulier les Etats-Unis, mais ce sera un échec. Cette aventure américaine se traduit simplement par une commande de 1000 exemplaires par une société de location de voitures à Hawaï. Face à cet échec commercial, l’épisode outre atlantique est refermé et la décision est prise au marché Européen.
La méhari connaîtra une carrière plus fructueuse en Europe, à l’exception de l’Allemagne où elle ne fut jamais homologuée. Pour les autorités germaniques, elle souffrait de deux défauts rédhibitoires : aucune ceinture de sécurité et une carrosserie en matière plastique.
Ce revers outre Rhin n’a toutefois pas entravé le succès du véhicule. Il se vend au début des années 70 entre 10 et 11 000 exemplaires par an. En 1972, le carnet de commande de la Méhari est boosté par une commande de 7 000 exemplaires par la gendarmerie. Elle permet au constructeur d’établir en 1974 son record de production avec 13 910 véhicules assemblés dans l’année.
Les commandes s’essoufflent toutefois après ce pic pour s’établir sous la barre des 10 000 exemplaires.
La fin des années 70, la modernisation de la Méhari
Pour pallier la chute des ventes, Citroën décide de moderniser la Méhari. Le constructeur présente pendant l’été 1977 un modèle légèrement redessiné qui intègre des technologies plus contemporaines. Elle est ainsi dotée de freins à disques à l’avant et d’une direction plus souple.
Au niveau du style, la principale modification se situe au niveau de la calandre. Elle est désormais démontable et arbore désormais les clignotants sous les phares.
Ce léger lifting n’inverse pas la courbe des ventes qui reste stable.
Une version 4X4 de la Méhari pour tenter de faire face à la chute des ventes
Deux ans plus tard, Citroën tente une nouvelle fois de relancer les ventes de la Méhari en proposant une version 4×4 à la suite d’une demande de l’armée.
Commercialisée entre 1979 et 1983, la Méhari 4×4 est toutefois un flop retentissant avec seulement 1 213 modèles produits. Cet échec commercial en fait désormais la version la plus recherchée des collectionneurs.
Face à la chute continue des ventes, Citroën se résout au fait que son modèle arrive en fin de course. Pour alimenter son carnet de commandes, le constructeur cherche à entretenir l’intérêt du consommateur en lançant des éditions limitées. Elles ne permettent toutefois pas d’inverser la tendance et les commandes s’effondrent à moins de 5 000 exemplaires vendus dès 1981.
Malgré des ventes de plus en plus confidentielles, la marque aux chevrons maintient la méhari en production jusqu’en 1987. Au cours de cette dernière année de production, seuls 381 véhicules sortiront des chaînes de montage.
Produite à 144 953 véhicules au cours de ses 19 années de commercialisation, la méhari est rentrée dans l’imaginaire collectif des français. Désormais classée au panthéon des modèles préférés des collectionneurs de vieilles voitures, où elle trône en 5e position, la méhari fait toujours parler d’elle.
Si le lancement de l’E-méhari par Citroën entre 2016 et 2019 n’a pas rencontré le succès escompté, ce petit véhicule connaît une cure de jouvence sous la forme de la Méhari électrique Eden produite par le Méhari Club Cassis.
@crédit photo : Spanish Coches & Robert Photography