Troisième pilote au sein de Williams F1, Susie Wolff a bouclé 22 tours du circuit d’Hockenheim vendredi dernier, lors des essais libres du Grand Prix d’Allemagne. Faut-il y voir que la porte de la Formule 1 s’ouvre à nouveau aux femmes ? Pas si évident que cela. Retour.
Elles ne sont que quelques unes à avoir eu la possibilité de s’exprimer en Formule 1, la dernière demeure l’Italienne Giovanni Amati et c’était en 1992. À l’époque, l’écurie Brabham, plus que sur le déclin, tenta ce coup de poker afin de lever les fonds qui venaient à manquer. L’expérience ne dura que 3 courses et jamais l’Italienne ne parvint à se qualifier dans les 26 meilleurs chronos des essais (sur les 30 monoplaces). Pire, la comparaison fut cruelle : 3 à 5 secondes plus lente que son coéquipier, le Belge Eric Van de Poele. À Interlagos, elle est à 11 secondes de la pole de Nigel Mansell. Et si le buzz médiatique fut certain, les fonds espérés n’arrivèrent jamais et Brabham remplaça Amati par un jeune pilote très prometteur : Damon Hill.
D’autres femmes, avant Giovanni Amati, tentèrent la F1. Citons la première, Maria Teresa De Filippis avec une Maserati 250F en 1958 ou Leila Lombardi, la seule femme à avoir scoré en F1 : À bord de sa March-Ford Cosworth, elle était 6e lors du 29e tour du GP d’Espagne 1975 lorsque la course fut arrêtée après le terrible accident de Rolf Stommelen qui coûta la vie à 5 personnes. Elle marqua donc 0,5 point, la moitié du point correspondant à une course arrêtée avant sa moitié.
Le souvenir de Maria de Villota
Et depuis Giovanni Amati ? Rien ou presque. La Formule 1 reste une discipline où les places sont limitées et où les hommes sont très majoritaires. Mais avant Susie Wolff, il y a eu Maria de Villota. L’Espagnol effectua un premier essai en 2011 sur le Paul Ricard avec une Lotus Renault GP de 2009, puis avec une autre avec Marussia en 2012 en Angleterre. Sauf qu’un épouvantable accident la blessa lourdement alors qu’il rentrait aux stands. Soudainement sa voiture accéléra pour venir s’encastrer dans un camion. Privée de son oeil droit, du goût et de l’odorat, elle décède le 11 octobre 2013 à l’âge de 33 ans des conséquences neurologiques de son accident.
Pas loin de Felipe Massa
Si l’on reprend donc l’Histoire de la Formule 1 et le passé récent, rien n’indique que ce sport est prêt à s’ouvrir au talent d’une femme. Et pourtant, Susie Wolff a participé aux essais libres 1 du Grand Prix d’Allemagne (une première tentative fut avortée à Silverstone du fait d’un problème sur la monoplace après 4 tours). Vendredi, elle a accompli 22 tours dans la Williams de Valtteri Bottas. Son meilleur chrono (le 15e de la séance) n’est qu’à 2 dixièmes de celui de Felipe Massa (1’20’’769 contre 1’20’’542). Au coeur d’un battage médiatique considérable, l’Écossaise a répondu de la meilleure des façons à ceux qui estiment que sa position de réserviste est un cadeau de son mari Toto Wolff, le directeur de Mercedes Motorsport, actionnaire de Williams F1. L’outil marketing vous salue bien ! Autre pilote réserviste, chez Sauber, Simona de Silvestro (passée 4 ans par l’Indycar) attend toujours qu’on lui donne sa chance en dépit des performances très poussives d’Adrian Sutil et Esteban Gutierrez. Et puis de toute façon c’est Guido van der Garde qui a roulé avec la Sauber vendredi dernier…
Compatibilité technique plus évidente que jamais
À 31 ans, il parait peu vraisemblable que Susie Wolff soit un jour titularisée en F1, par qui que se soit en dépit de bons états de service en Formule Renault et en DTM. Néanmoins, l’Écossaise a l’immense mérite d’avoir ouvert la porte à la discussion. Si autrefois, le caractère physique de la F1 étaient bien plus marqué (absence de HANS, passage de vitesse manuelle à la main…) ces conditions n’existent plus vraiment aujourd’hui dans un sport où le pilote est plus que jamais un opérateur technique au sein de sa monoplace, chargé de veiller à la bonne gestion des pneumatiques, à l’optimisation énergétique entre deux coups de volant et demander la permission de doubler. Pire, dans la course au poids engagée à présent, une femme pourrait devenir un avantage pourvue que le talent soit bien présent.