Pour fêter les 60 ans de sa présentation lors du salon de l’automobile 1955 de Paris, DS proposait hier (mardi 6 octobre) des balades en Citroën DS. Récit d’un voyage dans le temps.
La journée anniversaire de la DS avait du plomb dans l’aile mardi matin, lorsque d’importantes pluies se sont abattues sur Paris. Miraculeusement, le soleil parvenait à faire une percée quelques minutes avant 10 heures, soulignant les lignes toujours aussi avant-gardistes des DSuper 5, D Special, DS 21 ou DS 23 Injection Électronique présentes pour l’occasion. J’en croisait également une plus rare version cabriolet.
Fantomas, Retour vers Le Futur II, Andy Warhol, la Quatrième République, le Petit Clamart, la Mille Pattes de Michelin… les références se bousculent dans ma tête pour une voiture symbole du luxe à la française, des Trente Glorieuses, de la Nostalgie d’un pays qui regarde trop dans le rétro, reconnaissons-le. Personnellement, je n’étais jamais monté à bord d’une DS. Sa production s’arrêta (1975) bien avant que je naisse. Du coup, l’opération de DS était l’occasion idéale pour moi. Face aux Fontaines du Trocadéro, une quinzaine de DS prennent la pose avant que je puisse embarquer dans une DS 21 Pallas. Mon chauffeur se nomme Patrick, il est le propriétaire de cette voiture. Il en possède même 3 parmi une gamme de véhicules de collection (beaucoup de Citroën) qu’il propose de louer pour diverses occasions comme des séances photo, des tournages de film, des mariages, des enterrements de vie de de garçon ou jeune fille…
Finition Pallas, cette DS 21 de 1968 mérite à juste titre sa réputation de voiture (hyper) confortable. Le moelleux des deux banquettes (avant et arrière) est incomparable avec ce qu’il se fait de nos jours. Idem pour la moquette dont mes pieds ressentent une épaisseur de plusieurs centimètres. Le cuir est satiné, usé même, mais bien entretenu. « Elle a été entièrement restaurée il y a quelques années » témoigne Patrick. Le compteur ne fait que 5 chiffres, si bien qu’on ne sait pas si cette DS 21 a 131 000 ou 231 000 km. « Elle n’a fait qu’une fois le tour du compteur » m’assure Patrick. « Mais est-ce bien important » complète-t-il ? Assurément non, surtout que je ne suis pas le propriétaire… sur un trajet essentiellement pavé, la suspension hydropneumatique (inaugurée pour la DS en 1955) fait de la route une longue écharpe de soie. Un meilleur confort qu’un SUV, on est au ras du sol et l’ensemble pèse moins de 1 200 kg !
La magie opère et le voyage dans le temps prend la direction du Quai Branly en passant au pied de la tour Eiffel. Voiture de collection oblige, les ceintures de sécurité sont absentes à l’arrière au contraire de deux cendriers nichés dans le dos de la banquette avant ! Avec les yeux de 2015 c’est à peine croyable !
DS 21 Pallas ou pas, la circulation à Paris ce mardi matin est terrible. La pluie et la Fashion Week n’arrangent rien. C’est bien ce que nous remarquons en passant devant le Grand Palais. À cet endroit même où la DS était dévoilée voilà 60 ans, c’est la Fashion Week qui offre un spectacle lunaire avec des gens bizarres qui nous regardent bizarrement, d’imposantes berlines allemandes et anglaises, des photographes attroupés autour d’une femme coiffée d’un lion en peluche… Dans le confort sophistiqué d’une DS, loin de la nervosité superficielle d’un défilé de mode, on s’endormirait presque. Notamment en fixant l’autoradio face à la place passager en se demandant comment fonctionne le tuner.
Nous remontons les Champs-Élysées, faisons le tour de la place de l’Étoile, redescendons les Champs-Élysées. Nous nous faisons klaxonner par Thomas Hervé en Smart (ex Culture Pub, Télématin…) avant de remonter la rue François 1er pour nous arrêter devant le DS World.
Initiative remarquable de la part de DS, j’ai vécu un formidable voyage de quelques kilomètres dans une voiture culte qui n’usurpe en rien sa réputation de confort absolu. Les lignes de Flaminio Bertoni et André Lefebvre ont admirablement bien vieilli. Mais voilà la DS a 60 ans et il me semble triste que DS ne trouve rien d’autre pour se présenter comme un constructeur haut de gamme d’aujourd’hui.