Près des deux tiers des 13 000 kilomètres des autoroutes allemandes sont en vitesse illimitée. Cela dit, voilà des années que se pose la question d’une limitation de vitesse comme c’est le cas partout en Europe (pour ne pas dire dans le monde). Les arguments écologiques sont en première ligne. D’ailleurs, une nouvelle proposition vient d’être faite. Conserver la vitesse illimitée pour les seuls véhicules électriques.
Les temps changent, y compris dans un milieu très conservateur comme celui de l’automobile allemande et des éventuelles limitations de vitesse sur autoroute. Ces fameuses autobahnen qui offrent de nombreux tronçons où les limitations de vitesse n’ont pas court. Où il est tout au plus recommandé de rouler à 130 km/h. Pourtant, c’est un marronnier que la gauche, les verts et les associations écologistes demandent et proposent l’instauration de limitations de vitesse. Les arguments reposent sur deux pieds : L’écologie d’une part, car des voitures lancées à plus de 200 km/h consomment autrement plus qu’à 130 km/h avec le limiteur de vitesse. Sécuritaire d’autre part, puisque la vitesse excessive ne pardonne rien. D’autant plus qu’il existe un tourisme de la vitesse avec des « pilotes » pas vraiment expérimentés, ni équipés. Il n’est en effet pas rare de voir des jeunes gens tenter de « bloquer l’aiguille » d’une citadine acquise pour se faire la main après l’obtention du permis. Les chiffres de la mortalité routière sur ces tronçons sont à minima très difficiles d’accès. Néanmoins, il apparait que la mortalité routière en Allemagne est moindre qu’en France : 3 693 tués sur la route chez nous en 2017, contre 3 177 en Allemagne. Un pays qui compte par ailleurs 17 millions d’habitants en plus.
Seulement pour les voitures électriques ?
Le débat de la fin des limitations de vitesse en Allemagne revient régulièrement dans les médias mais parfois les arguments changent. En témoigne la proposition du député (Bündnis 90 / Die Grünen) Dieter Janecek dans le journal bavarois Augsburger Allgemeine. En plus d’évoquer la nécessité d’une limitation de vitesse aux heures de pointe, il imagine accorder « des exceptions la nuit, lorsqu’il y a peu de trafic, et pour des moyens de transport respectueux du climat tels que les voitures électriques ». Autrement dit, les conducteurs de Porsche Taycan, Audi e-tron, Mercedes EQ C, BMW i8, Volkswagen I.D 3 ou d’Opel Corsa-e pourraient s’affranchir d’une limitation de vitesse là les propriétaires de Lamborghini, Ferrari ou McLaren devraient respecter les panneaux. Une façon à peine détournée de favoriser l’industrie allemande ? Cette dernière a toujours été en pointe pour proposer de belles mécaniques thermiques et semble aujourd’hui en pointe sur la voiture électrique. Ajoutons aussi que Tesla implantera une première gigafactory européenne à Berlin. Pas facile pour autant d’imaginer l’application d’une telle législation. Ajoutons que l’autonomie d’une voiture électrique lancée à 200 km/h est largement dégradée par rapport aux chiffres d’homologation largement mis en valeur par les communicants.
Un compromis à 200 km/h ?
Et si les Allemands trouvaient un compromis ? Comme l’idée soumise par le journal Des Spiegel en 2017. Une limitation de vitesse à 200 km/h sur autobahn. Cela permettrait de réduire les écarts de vitesse avec les véhicules plus lents (petites voitures, camions…). Faire également baisser le fameux tourisme de la vitesse aussi. La proposition est restée sans suite.
Il semble pourtant que les Allemands sont plus que jamais prêts à mettre en place une « tempolimit » sur autobahn. La très puissante association automobile ADAC n’est plus aussi dogmatique sur le sujet. Signe que le récent sondage partagé, notamment par Tagesschau, indiquant que 53% des Allemands interrogés y seraient favorables, en progression de 2 points, n’est pas passé inaperçu.
Illustration : Süddeutsche Zeitung