L’idée du retour des arrêts au stand pour faire le plein d’essence fait son chemin auprès des pilotes. Serait-ce pour autant une bonne idée ?
Depuis 2015, l’idée du retour des ravitaillements en carburant des F1 est considérée à l’horizon du règlement 2021. L’argumentaire qui accompagne cette idée est assez simple. Rendre les voitures plus légères et ainsi favoriser le spectacle avec un soucis bien moindre d’économie des pneus. Précisons qu’actuellement les monoplaces prennent le départ de la course avec un plein d’environ 100 kg de carburant. D’où des chronos en course qui n’ont rien à voir ceux des qualifications même s’il y a d’autres paramètres qui entrent en compte, moteurs notamment.
Fausse bonne idée ?
Des voitures plus légères pour attaquer plus fort, l’idée séduit la plupart des pilotes qui s’expriment sur le sujet. De Jenson Button à Felipe Massa, jadis, jusqu’au trio Romain Grosjean, Charles Leclerc et Lewis Hamilton entendus en conférence de presse en marge de l’ouverture du week-end du Grand Prix d’Allemagne. Un point de vue « cockpit » qui s’entend mais qu’en est-il du spectacle de manière plus large ? Pour James Allison (directeur technique de Mercedes) comme Paul Monaghan (ingénieur en chef de Red Bull)*, le fait d’avoir recours aux ravitaillements en course conduirait à une uniformisation des stratégies au pouvoir de nuisance certain sur le spectacle. Toutes les écuries feraient le même arrêt au même moment. Une simulation datant de mai 2015 menée par la FIA a d’ailleurs confirmé cette idée avec un nombre de dépassements revu à la baisse.
Autre argument défavorable, celui de la sécurité. Les images d’archives d’enflammement spectaculaire dans la voie des stands ne manquent pas sur Youtube. De même que celles de tuyau arraché par un départ précipité. Des faits en bonnes positions dans ce Top 10 des moments dramatiques dans les stands mis en ligne par la F1 sur sa propre chaine. Sacrée Ironie !
Question d’image
Se pose aussi une question de l’image à l’heure du greenwashing. Si le sport auto génère de la pollution (comme n’importe quelle activité humaine), le passage aux motorisations hybrides et de moindre cylindrée ainsi que l’arrêt des ravitaillements en carburant à compter de 2010 allaient dans le sens de l’image d’une F1 plus verte. En tout cas moins diabolique. Le retour des ravitaillements en F1 brouillerait le message et pourrait nuire à la conquête de nouveaux fans. Ce qui constitue la priorité marketing de la F1 passée sous pavillon américain avec Liberty Media.