Avant l’heure, c’est pas l’heure dit le proverbe. Adapté à l’automobile, c’est l’histoire de la Renault Avantime. Un échec commercial pour ce qui est la première tentative de fusion du monospace et du coupé, oui le crossover.
Elle a quelque chose du monospace mais avec ses 2 portes, elle dénote. L’Avantime n’a pas convaincu lorsqu’elle a débuté sa carrière en 2001. Il faut dire que le projet semblait bancal. L’idée est venue de Philippe Guédon, papa de l’Espace. L’intérêt, maintenir une production automobile sur le site Matra de Romorantin. Le contexte peut semblait favorable au sortir d’une décennie où Renault a étonné et réussi avec la Twingo, le Scénic avec des dessins… originaux.
« Renault, créateur d’automobiles »
L’Avantime est née de la main de Thierry Métroz. Mesurant 4,64 mètres de long (pour 1,83 de large et le 1,62 de haut) elle ressemble un Espace allongé. Les portes arrière sont supprimées au profit de deux immenses portes à l’avant. Immense, c’est aussi le qualificatif du toit panoramique en verre qui offre de la luminosité à un habitacle plutôt dépouillé se voulant être contemporain. Pourtant, on tient difficilement à trois à l’arrière mais au moins le coffre est imposant : 530 litres. Ce qui semble être un crossover bien avant l’heure se distingue aussi par son esthétique. Le montant B est supprimé, la partie supérieure de la caisse est en aluminium et la lunette arrière offre un arrondi surprenant, surtout au regard de formes à damiers des optiques arrière. Le look est globalement bizarre. Devant, l’ensemble phares et calandre semble beaucoup trop fin. Oui, le dessin est sacrément original mais suffit-il à convaincre une clientèle qui cherche une voiture originale ? 8 557 exemplaires ont le jour entre 2001 et 2003. Renault avait prévu 15 000 exemplaires vendus par an. Et dire que côté publicité, Renault (via Publicis) avait sorti les gros moyens avec Jean-Paul Gaultier et un nouveau slogan qui prête au sourire (rétrospectivement parlant) : « Renault : Créateur d’automobiles ».
Pourquoi faudrait-il la réhabiliter ?
Le problème avec l’Avantime c’est une multitude de défauts pour une philosophie qui se voulait néanmoins avant-gardiste. La voiture est bien trop lourde (1 750 kg à vide), ses portes avant ont besoin d’une double articulation complexe pour résister aux 55 kg. D’ailleurs les portes font trembler les vitres lorsque fermées avec vigueur. On ajoute des procédés de mauvaise qualité sur les vitres qui sifflent, le toit en verre qui grince et l’aspect peu flatteur des matériaux de l’habitacle. Tout cela proposé à partir de 237 400 FF, soit environ 36 200 euros. Et dire que Renault comptait rendre ringard le design sage et consensuel des berlines allemandes… Un autre soucis (et de taille) fut de lancer l’Avantime avec le vieux V6 3,0l co-développé avec Peugeot (de 210 chevaux) tandis que la version diesel de 150 chevaux n’a suivi qu’un an plus tard. Au final, si vous vous lancez dans la spéculation sur l’Avantime optez plutôt pour la version 4 cylindres essence de 165 chevaux. Plus efficiente tout en mettant qu’une grosse seconde de plus à atteindre les 100 km/h à la sortie du péage.
Renault a pensé au crossover avant que cela devienne la mode. Avec un peu plus de chance, de préparation du grand public et avec un design peut-être moins radical, la firme au losange aurait pu refaire le coup de l’Espace. Être les premiers en Europe (au moins) à proposer une nouvelle carrosserie avant que tout le monde ne fasse pareil. Plus de 15 ans après son lancement, les lignes de l’Avantime continuent de surprendre mais sont aujourd’hui accompagnées d’une certaine forme de bienveillance.