L’affaire Ford Pinto

Si le Volkswagen Gate concentre l’attention médiatique, d’autres scandales industriels ont ponctué l’aventure automobile. Revenons sur l’affaire Ford Pinto. Une compacte lancée en 1970 et dont le réservoir avait la fâcheuse tendance à s’enflammer après un choc arrière.

Face à la montée en puissance des constructeurs japonais et européens sur le sol américain avec des automobiles bien plus économes, Ford répond par la commercialisation le 11 septembre 1970 de la Pinto dont le succès lors des premières années est indéniable pour cette compacte 3 portes et 4 places. Cependant, en interne, les ingénieurs ont tiré la sonnette d’alarme après les crash-tests : Lors d’un impact à l’arrière entre 30 et 40 km/h, le réservoir d’essence peut se détacher et s’enflammer. À cela s’ajoute la faiblesse du châssis dont la forte torsion lors du choc empêche les occupants d’ouvrir les portes. Prisonniers, ils n’ont plus qu’à périr par les flammes. Le secret demeure bien caché jusqu’en 1977 et un article du « Mother Jones Magazine » (dénommé Pinto Madness). Un article déclenchant d’autres enquêtes journalistiques ainsi que celle la National Highway Transportation Safety Administration (NHTSA), autorité américaine en matière de transports. 

Le prix d’une vie

Le grand public prenant conscience du vice caché de la Ford Pinto, les procédures ne tardent pas à suivre. Ainsi, le 10 août 1978, un grand jury de l’Indiana condamne Ford pour un triple homicide involontaire après que trois jeunes filles eurent brûlées vives dans une Pinto percutée par l’arrière. Sauf que le cynisme de Ford avait tout prévu. Les dirigeants du constructeur américain avaient calculé qu’une campagne de rappel coutait bien plus cher que l’indemnisation des familles de victimes fixée à 200 725$ de l’époque. Officiellement, les familles de 27 victimes de la Ford Pinto ont obtenu réparation et Ford fut condamnée à une amende de 125 millions de dollars avant que cette amende ne soit réduite à… 4 millions en appel. Selon une enquête de 1991 du Rutgers Law Review, ce serait plus d’une centaine de victimes qui serait à dénombrer dans des impacts par l’arrière en Ford Pinto.

« Barbecue 4 places » et culture populaire

Bien que le défaut majeur fut corrigé en 1974, la Ford Pinto resta commercialisée durant 10 ans. Ce n’est en effet qu’en 1980 que ce modèle disparait. Non pas que Ford avait enfin pris conscience de son erreur, mais tout simplement parce que le modèle ne se vendait plus. Il faut dire qu’aux quatre coins de l’Amérique, cette voiture était surnommée « The Barbecue that seats 4« , le Barbecue 4 places.

Une réputation qui a d’ailleurs fait son chemin dans la culture populaire. Dans le film « Cujo », adapté d’un roman de Stephen King, un des personnages meurt, prisonnier d’une Ford Pinto en flammes. La Pinto que l’on retrouve également dans la parodie des films sur la seconde Guerre mondiale « Top Secret! ». Un véhicule chargé de soldats allemands explose après un léger contact avec le pare-chocs de la Ford.

L’image de Ford a souffert quelques années de cette affaire. Preuve est néanmoins faite qu’un géant de l’automobile peut se relever des pires crises comme si de rien n’était.

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

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