Moribond puisque condamné à survivre sur son seul marché domestique, Lancia demeure en vie. La probable fusion entre Groupe PSA et Fiat Chrysler Automobiles relance le débat sur l’existence même d’un constructeur né il y a 113 ans.
Il y a quelques jours, Lancia fêtait en toute discrétion les 50 ans du rachat par Fiat. Discrétion aussi lorsque Lancia aurait pu rappeler son glorieux passé en 2016 à l’occasion de ses 110 ans. C’est dommage lorsqu’on repense aux Aurelia, Fulvia et Delta. À l’invention de la boîte de vitesses à 5 rapports et de la carrosserie monocoque. Au record de 10 championnats du monde des rallyes.
Il faut dire que Lancia apparait plus aujourd’hui comme un caillou dans la botte de FCA qu’un vecteur de croissance et rentabilité. Un caillou qui vend pourtant plus de voitures qu’Alfa Romeo. En effet, sur le premier semestre 2019, Lancia a écoulé 34 684 voitures dans la seule Italie contre 29 200 Alfa Romeo dans toute l’Europe ! Une performance qui intrigue d’autant plus que la gamme Lancia se limite à la seule Ypsilon face aux 5 Alfa Romeo proposés sur le marché. Mieux l’Ypsilon fut en septembre dernier la deuxième voiture la plus vendue dans la péninsule avec 4 156 exemplaires. Pas mal pour une génération de voiture apparue en 2011. Soyons honnête, il s’agit surtout de constater l’échec de la relance d’Alfa Romeo. Marque qui entend se concentrer sur les SUV.
Lancia à la relance ?
Promis à la direction du géant qui aboutirait à la fusion à 50/50 entre Groupe PSA et FCA, Carlos Tavares a assuré médiatiquement qu’aucune des 12 marques n’est promise à la disparition. De quoi s’imaginer que l’heure n’est pas encore venue pour Lancia. Faut-il pour autant imaginer un plan de relance (ambitieux) ? Ni à court, ni à moyen terme. En effet, la priorité du côté du groupe italo-américain, c’est l’électrification de la gamme Fiat via la plate-forme e-CMP de PSA. Lancia pourrait indirectement en profiter même si un travail de segmentation entre les marques devra être fait. Entre Fiat, Alfa et Lancia mais aussi avec Citroën, Peugeot, DS…
Les séries spéciales s’enchainent pour la Lancia Ypsilon. Une voiture produite en Pologne, à Tichy, sur base de Panda et donc à peu de frais. Elle est actuellement vendue à partir de 8 900€. Cela fait des années que la marque n’apparait dans plus aucun plan de développement du groupe FCA. Pourtant, la transformation du secteur auto imposera sous peu à Lancia de se moderniser tandis que les voitures à motorisations thermiques se heurtent de plus en plus aux ZTL, ces zones à trafic limité qui ont fleuri dans de nombreuses villes italiennes (petites, moyennes comme grandes) ces dernières années. Le but est de protéger le centre historique.
Une conclusion s’impose, Lancia ne pourra plus survivre ainsi bien longtemps. Ne serait-ce qu’à cause des normes d’émissions de CO2. L’objectif imposé par l’Europe, via le WLTP, est de 95 g/km de CO2 en moyenne sur la gamme. L’Ypsilon 1,2l Benzina de 69 chevaux rejette un minimum de 119 g/km de CO2.
L’Ypsilon sera-t-elle un jour électrifiée ou bien un plan plus ambitieux verra-t-il le jour dans quelques années afin de rendre à Lancia ses lettres de noblesse.