L’héritage de Tucker

En 2012, la Tucker Torpedo dont les images illustrent cet article a été vendu aux enchères à Palm Beach (Floride) pour 2 915 000$ (ou 2,7M€). Il faut dire que le produit est particulièrement rare et son histoire on ne peut plus riche. Elle aurait même dû l’être davantage tant son créateur voulait faire part au progrès technologique.

Preston Thomas Tucker ne se voyait pas être flic toute sa vie et encore moins bosser sur les chaînes de montage Ford à Detroit ou vendre des Studebaker. Sa passion depuis l’âge de 16 ans, c’était de retaper des bagnoles dans sa grange. Son rêve, c’était d’en produire. L’Histoire retient que c’est par un véhicule militaire qu’il s’est mis le pied à l’étrier. Nous sommes dans les années 40 et l’idée est davantage de fabriquer des armes, des bombes, des avions et des bateaux que des voitures pour monsieur tout-le-monde. Du coup, sa première voiture fut une Tucker Combat Car qui a séduit l’état major avec sa tourelle de combat.

La voiture du futur.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Preston Tucker se lance. Son idée de base est de proposer une voiture qui constituerait un immense bon en avant sur la problématique de la sécurité automobile encore balbutiante. Le policier qu’il fut assista aux résultats de nombreux accidents de la route. Cela a guidé sa pensée sur ce qu’il fallait pour sécuriser les passagers d’une automobile : Un troisième phare central directionnel (lui valant un surnom d’œil de cyclope), un pare-brise éjectable, un tableau de bord rembourré, des freins à disque, des ceintures de sécurité. En dessous, Tucker imagine pour sa Torpedo une suspension indépendante aux quatre roues. Le travail d’aérodynamique d’Alex Tremulis doit en faire une voiture très maniable en plus d’être rapide avec 6 cylindres en position longitudinale arrière délivrant environ 165 chevaux aux roues arrière. Bien des années plus tard, son coefficient de trainée a été calculé à 0,27. Il y a des voitures d’aujourd’hui qui n’arrive pas à un tel résultat !

David contre Goliath

Mais voilà, les géants de l’industrie automobile américaine (Chrysler, Ford et GM) ont peur. Ils ont tout entrepris pour faire échouer l’entreprise de Tucker. Et ils ont réussi. Au cours de l’année 1948, la Tucker Corporation eut toutes les peines du monde à se fournir en acier, à tenir les délais pour la production initiale de 50 véhicules à Chicago (les 13 dernières furent assemblés à la main par 300 employés sans salaire). On reprocha à Tucker un détournement de fonds, de la publicité mensongère et d’être un escroc… L’histoire se régla devant le juge. Tucker sauva son honneur en invitant notamment les 8 jurés à monter à bord de ses voitures et découvrir qu’elles roulaient bien. Mort d’un cancer en 1956, à 53 ans, Tucker ne devint jamais un constructeur automobile. Tout cela est presque parfaitement revisité dans le film « Tucker » de Francis Ford Coppola avec le génial Jeff Bridges dans le rôle-titre.

Quel héritage ?

Oui, les goûts, les couleurs… Difficile pour autant de ne pas trouver sublime une Tucker 48’. Mais au-delà de l’esthétique, la philosophie Tucker a guidé bien des années après la construction automobile mondiale. L’aérodynamique au service de la beauté et de l’efficience. Et surtout l’avènement des équipements de sécurité qui sauvent des vies comme priorité. Rien que la ceinture de sécurité !

50 Tucker ont vu le jour (ajoutez un prototype) jusqu’en 1949. Autant de voitures de collection dont les montants s’envolent à chaque fois que l’une d’elles est soumise aux enchères. Derrière les chiffres, il reste le témoignage d’un idéal automobile.

Photos : Barrett Jackson

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

Partagez cet article :

Logo Email
Logo Lien
Logo Facebook Logo Twitter

Nos articles sur le même thème

Vous souhaitez faire un commentaire sur cet article ?

*Champs obligatoires