Connaissez-vous le terme « sleepers » ? Ce terme désigne une catégorie de voitures que j’aime bien personnellement. Celles qui cachent leur jeu.
C’est une tendance relativement opposée à celle qu’on observe sur les voitures neuves actuelles, où la moindre Mégane DCI 90 se pare de jantes 20 pouces, de boucliers sport, et d’extracteur d’air à l’arrière. Il faut bien ça pour maîtriser la fougue du 1.5 diesel !
Spectacle assez navrant aussi dans les marques premium avec ces Audi « S-Line », BMW « Pack M », ou Mercedes « Pack AMG »… Ou comment donner l’allure du monstre emblématique de la gamme (S4/ M3/ C63 AMG) à une banale version d’entrée de gamme, TDI 105, 316d, ou 180 CDI, dans l’ordre d’apparition… Le paraître avant l’être.
Un sleeper, c’est exactement l’inverse de ça. Une voiture qui n’a vraiment l’air de rien, mais qui cache dans ses entrailles un monstre de puissance… Un cœur de voiture de course rentré au forceps dans un corps de taxi.
Dans les années 80 et 90 s’est développée en Allemagne la tendance des préparateurs, officines de sorciers tentant d’endiabler de sages berlines teutonnes. Alpina pour BMW est l’un des plus célèbres d’entre eux, transformant de banales Série 3 ou 5 en bêtes de courses, en usant d’un artifice simple : mettre le moteur du plus gros modèle dans le plus petit, parfois en usant d’un chausse pieds. Et ce bien avant l’ère des séries M…
Lotus, au début des années 90, s’est lancé dans une tâche similaire à Alpina, en diabolisant totalement la banale et familiale Opel Omega… A la place des sages motorisations de 100 et quelques chevaux dont l’Omega était coutumière, Lotus a fait entrer sous le capot un V6 3.6 à double turbo totalement furieux, et développant 377 ch… Le tout sous une robe peu différente de la berline de base. Avec 283 km/h en pointe, elle a été des années durant la berline 4 portes la plus rapide du monde !
Mais le plus beau sleeper, c’est la Mercedes 500E. Dans la caisse de la gamme moyenne W124, Mercedes-Benz a fait rentrer un V8 5L de 326ch… Pour mémoire une W124, c’était le taxi de base des années 80 et 90, avec des motorisations diesel descendant jusqu’à 75 ch seulement. Toute la subtilité de Mercedes a consisté à NE PAS différencier esthétiquement la 500 E de ses sœurs moins puissantes… Ainsi, même vue de près, on pouvait aisément confondre cette auto avec un taxi 5 fois moins puissant… Jusqu’à ce qu’elle démarre !
La puissance cachée, le plaisir de conduite sans esbroufe, c’est la philosophie de toutes ces autos… Aujourd’hui ce sont d’authentiques collectors, et elles n’ont pas d’équivalent dans la production contemporaine. Profitez-en vite, avant qu’elles ne deviennent hors de prix !
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