Entre promesses et fantasmes, l’image de la voiture autonome reste floue. Pourtant, elle arrive bientôt. Très bientôt même ! Les premiers véhicules sont attendus pour 2020 avant une généralisation d’ici 2035. Mais que faire lors d’un voyage autonome ?
D’après un récent sondage réalisé par What Car, en Angleterre, 26% des automobilistes anglais interrogés pourraient dormir au volant de leur voiture si cette dernière naviguait de manière autonome. Un résultat qui tranche avec ce qu’il ressort globalement de cette étude : 87% veulent garder la main sur la conduite, 52% estiment que la voiture autonome ne sera jamais la norme au Royaume-Uni. 34% en ont une mauvaise opinion.
Une nouvelle pièce de la maison
« Une voiture est aujourd’hui une seconde chambre à coucher » déclarait Rupert Stadler (PDG d’Audi) l’été dernier lorsque le trio du premium allemand (Audi, BMW et Mercedes) annonçait conjointement avoir racheté Nokia Here, un service de cartographie permettant d’avancer sur le développement de la voiture autonome tout en restant indépendant de Google et Apple sur l’épineuse question du Big Data. Au fur et fur à mesure que l’Ère de la voiture autonome approche, il apparait effectivement que la voiture deviendra plus encore une nouvelle pièce du foyer. La question de la protection des données est fondamentale, mais celle des occupations quotidiennes plus concrète.
Finalement, un trajet en mode autonome aura tout d’un trajet en train. Qu’il soit de banlieue pour les trajets pendulaires ou TGV pour les grands départs. Passée la période d’incertitude qui consistera à garder un oeil sur la route, les mains prêtes à se saisir du volant, nous nous détendrons. Nous nous installerons plus confortablement dans notre siège, activerons le mode massage s’il y a… et après ? L’idée de faire un petit roupillon est pertinente. Mais sera-t-elle légale ? On peut en douter, au moins à moyen terme. Mais qui sait ! C’est que que Jean-Claude Van Damme fait dans le chef d’oeuvre Time Cop (1994) lorsqu’il rentre chez lui après une dure journée à traquer les criminels du voyage dans le temps. Du reste, sa voiture n’a aucune surface vitrée. Le problème est réglé !
Les constructeurs qui communiquent sur un futur radieux à bord de voitures autonomes pour présentent des conducteurs qui font tout sauf rester concentré sur la route. Ils lisent le journal (en papier, pas sur la tablette !), regardent la télévision sur l’écran central de la console de bord et inclinent même le siège jusqu’à l’horizontale… Resterons-nous seulement derrière le volant ?
Quid de l’assurance auto ?
Pour autant, la question du code de la route n’est pas encore tranchée. Pourtant les constructeurs pressent le législateur. Non seulement d’autoriser la circulation en mode autonome sur route ouverte, mais aussi de définir le cadre des responsabilités ainsi que ce qu’il sera permis de faire ou non une fois le mode autonome activé, comprenez d’écrire dans la loi si derrière le volant on pourra tenir son téléphone en main, manger, travailler, lire le journal, regarder la télévision, faire la sieste, tricoter ou faire toute autre activité ou bien le conducteur sera-t-il tenu de rester vigilant, voire très attentif à une éventuelle défaillance du mode de conduite autonome. Quitte à encore plus fatiguer le conducteur, par l’ennui. Vastes questions.
Une autre question se posera à terme. Celle de l’assurance automobile. Si la conduite automobile est censée à terme réduire de 80% (d’ici 2035 et selon la NHTSA) le nombre d’accidents de la route, comment justifier de toujours avoir une assurance automobile ? En tout cas de la payer aussi chère ? La logique voudrait qu’un véhicule autonome soit (beaucoup) moins onéreux à assurer que son équivalent qui en sera dépourvu. Reste la question des responsabilités ? Qui est responsable en cas d’accident en mode autonome ? Le conducteur ? Le constructeur ?
Quid des personnes aux revenus moins importants qui ne pourront s’offrir une voiture autonome ? Seront-ils bannis des centres urbains au motif de la sécurité routière ? L’assurance auto deviendra-t-elle le troisième poste de dépendance de ces foyers après le loyer et la nourriture ?
La voiture autonome s’annonce comme un progrès phénoménal pour nos sociétés urbaines, tant sur les questions de sécurité routière, que de consommations, de pollutions, de gestion des embouteillages tout en rendant du temps libre à son conducteur. Reste à écrire comment.
À propos de la voiture autonome :
– Concept 26 : L’habitacle des trajets du quotidien
– Nissan IDS Concept : Futur Optimiste
– Voiture autonome : Volvo engage sa responsabilité
– Paris-Bordeaux en autonomie totale pour PSA
Nos articles sur le même thème
Innovations • 02/03/2020
L’automobile parle recyclage
Innovations • 26/02/2020
Votre empreinte sur votre 911
Innovations • 11/02/2020
Les nouvelles roues de BMW