Rétrofit, mode d’emploi

Tout comme chez une dizaine de nos voisins européens qui en ont fait la demande, la Commission Européenne devrait permettre début 2020 aux automobilistes français de convertir leurs vieilles autos à l’électrique. Entre enthousiasme et mirage, présentation de ce qu’on appelle le Rétrofit.

Le principe du Rétrofit auto est assez simple. Vous prenez une voiture et vous en enlevez le moteur essence ou diesel pour le remplacer pour un bloc électrique. S’agissant des batteries, vous pouvez les remiser dans le coffre, en sacrifiant un peu d’espace, à moins de les faire rentrer là où se trouvait alors le réservoir pour le carburant. Dernière option, sous le plancher. S’ajoutent quelques modifications du tableau de bord, des suspensions, convertir la trappe à carburant en prise… et vous voici avec une voiture « rétrofitée ». Une voiture électrique d’aspect thermique. Du néo-rétro automobile réalisé avec plus ou moins de goût.

En ce début d’année 2020, Bruxelles devrait autoriser la France à légaliser cette pratique qui l’est déjà en Allemagne, en Angleterre ou en Italie. Mieux, l’éligibilité des véhicules démarrerait dès 5 ans. Autre condition importante, avoir recours à un professionnel certifié. Autrement dit, il n’est pas question de bricoler tout seul sa vieille 106 Kid.

Un marché incertain.

Remplacer des composants obsolètes par des plus récents est un principe qui ne s’applique pas seulement aux voitures, aux motos ou aux camions. Par exemple, les navires (cargos ou militaires) sont passés par le rétrofit lorsqu’il a fallu passer de l’analogique au numérique. Idem pour les avions, plateformes pétrolières, centrales électriques, machines-outils… Remplacer une ampoule à incandescence par une fluocompacte ou à LED c’est déjà faire du rétrofit à la maison !

Sur le papier, l’idée de ramener à la vie une vieille guimbarde en la convertissant à l’électrique, comme évoqué avec Ian Motion dès 2016, est séduisante. Pouvoir circuler dans les grandes villes avec une voiture née il y a plusieurs dizaines d’années avec une vignette Crit’Air 0 a de quoi faire sourire. Mais existe-t-il un marché pour cela ? De niche, certainement. Grand public, c’est plus incertain. Car une telle conversion entrainera des coûts, souvent importants. Pour reprendre l’exemple des Manceaux de Ian Motion. La conversion d’une Austin Mini en électrique de l’équivalent de 47 chevaux et 150 km d’autonomie (pour 7 heures de charge) demande un investissement de 29 950€ (avec un acompte de 15 000€ à verser) et environ 7 mois de patience. Il y a une solution plus pratique et plus économique (quoi moins iconique) avec faisant appelle à Transition-One. La start-up orléanaise propose la Rétrofit « de votre voiture » avec un kit de conversion comprenant le moteur, les batteries et la connectivité (du tableau de bord à l’appli smartphone), le tout en possiblement 4 heures et à un tarif démarrant à 5 000 euros. L’entreprise s’est adaptée sur 6 modèles assez répandues de citadines et que l’on retrouve parmi nos occasion petits prix : Twingo II, Toyota Aygo, Citroën C1, Peugeot 107, Fiat 500 et Volkswagen Polo. D’autres variantes sont promises.

Autre possibilité pour un avenir radieux, celui du véhicule utilitaire. Des artisans, des libéraux, des PME ou PMI (et pourquoi pas des entreprises plus importantes) pourraient voir d’un bon œil de prolonger la durée de vie de Renault Master, Citroën Jumpy et autres Opel Movano en ajoutant batteries, moteur asynchrone et prise de recharge. C’est notamment ce que propose l’entreprise grenobloise Phoenix Mobility et pourquoi pas la conversion d’une flotte entière.

Une démarche vertueuse.

Le rétrofit automobile est à la croisée de plusieurs thématiques écologiques. Tout d’abord, en supprimant le (vieux) moteur thermique pour le remplacer par un bloc électrique, il n’y a plus d’émissions de CO2 même si les particules fines des poussières de freinage (par exemple) demeurent. La problématique des batteries reste à éclaircir, le fameux Airbus de la batterie pourrait aider. Autre composante, celle du recyclage. La voiture qui est recyclée n’est plus à produire. Considérons néanmoins que le rétrofit s’inscrira davantage dans une forme d’artisanat plus qu’une véritable option pour le grand public.

Rédacteur du blog

La rédaction autosphere

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